Le problème avec le Problème : « Dans l’expression orale relâchée, problème est souvent employé aujourd’hui dans le sens très général de « question, affaire » ou de « difficulté, incident » : ça, c’est ton problème (…) »
Ü
U
Antitexte : suf marenda
Antimonde : AAA
Antison : petit bourgeois sauvage
Le problème avec le Problème : « Dans l’expression orale relâchée, problème est souvent employé aujourd’hui dans le sens très général de « question, affaire » ou de « difficulté, incident » : ça, c’est ton problème (…) »
Du Skateboard, simplement, je n’en suis pas. pas plus que ça.
Tellement pas, d’ailleurs, qu’on doit bientôt me le marquer à chaud sur l’avant-bras.
Il me sera pyrogravé « Le-Skate-et-moi-ne-nous-méritons-pas ».
Afin d’affermir la véracité du propos, on ajoutera « j’aimais l’un l’autre ».
Le problème avec le skateboard, c’est que la pyrogravure, c’est un truc de bonhomme. Ma douleur sera épouvantable. Et l’on plaint aussi les narines qui se faderont l’odeur boucanée de mon humanité grillée à sec…
Tout cela pour quoi, au final ?
Pour qu’une fois encore, on n’entrave à peine couic à ce que j’aurai voulu m’écrire !
Le problème avec le skateboard, je dirais, c’est que c’en est désespérant…
Notamment, parce que du bout de mes lèvres, à mon avant-bras meurtri, tout paraît déjà limpide :
il y a.
je veux dire, « il y a le skateboard ».
je crois qu’il y a un genre de skate-presque-plus-tard, qui se serre volontiers le core du bon côté de nos communs.
Spontanément, je l’appelle beaucoup le « skate des anges » et/ou « futur chantant de nos demains ».
C’est bien.
C’est bien… même si ce skate-là, il ne vient pas du ciel, même s’il reste toujours plus matérialiste que le plus bas des ciels lourdingues.
Ce skate des anges noircit nos paumes comme on en rêve,
avant que de les plonger, DIY,
dans des bétonnières,
en bon désordre de marché.
Bref, de tous mes yeux, et en haut d’un Abrüpt, il y a grâce à lui,
« le skateboard des pirates » !
Si seulement…
Car la vraie Vérité Navrante du Skate, elle demeure
presque
navrante (ici-bas, comme dans le ciel…) :
à l’heure actuelle, le vrai Skateboard du Problème (vSP) se laisse trop peu conduire où j’attendrais, wam, que l’on noumène.
le vSP est navrant parce qu’il se fait, lui, plutôt ailleurs.
Je vais dire où.
Whatever, je considèrerai ici, que l’ailleurs ne pose pas de problème. Pas en soi.
Une vieille peluche à l’effigie de Jeff G. (un jeune, un mort au front…)
peut te livrer la clé de ce paradoxe. Je la pose là :
« The history of skateboarding is so fucking muddy and grey. There is no black and white. It hurts so many people’s feelings and starts too many problems (…) »
Tu l’entends, ça ?
La peluche le répète presque mécaniquement,
À mon adresse.
4…lle doit dire vrai. Elle me le doit absolument, parce que le muddy du Skateboard, c’est tout ce qui, trente ans en amont, l’a rendu accessible à mes fakies adolescents. D’ailleurs, ma première board était d’emblée toute mélangée
(un pro modèle John Warnock Hinckley, artwork JFA, estampillé Ronald Reagan).
5…l a donc fallu préciser l’objet de l’investigation et retailler la plupart de mes process — parce qu’une planche de skate, qu’est-ce que ça représente ? Au maximum dix pouces de large et, allez !, trente-deux ou trente-trois pour la hauteur…
À côté de Los Angeles…
L’animalité = première forme apoétique du Skateboard, celle à la faveur de laquelle on peut encore le saisir par la peau flasque du cou, pour lui interdire d’exercer son emprise sur les êtres et les choses peuplant son Mytheux naturel.
Le problème avec un skateboard,
C’est que je l’ai croisé.
Il participe au séminaire « Perspectives sur l’emploi causé par l’animal ».
Il s’y présente avec l’avant-garde des choses, et puis « de toute la matière » — comme on dit à l’époque, dans les milieux gauchiss’.
Rien moins que claires, ses revendications articulent vainement défenses du bien commun et prises de foirure sur l’intérêt général.
Le skateboard écoute tout,
Il parle bien, s’exprime trop mal
et, sans s’étendre sur les sujets, il nous les dit tout de même.
À table, il a ce trait d’humour : « Je déclare, moi, le repas indocile. »
Et puis cet autre : « vous savez que, jadis, je me concentrais tellement sur mon employabilité que j’en oubliais — mais carrément ! — de récupérer mes filles après l’école.
Non, elles, ne m’en voulaient pas.
Car mes enfants savaient
que c’était le problème
avec les industries,
ces avaleuses
de mon travail. »
Le problème avec le skateboard,
C’est que tout se déroulerait encore
dans l’Antiquité, s’il n’avait, cet impie, déchaîné tout le fond
et la colère des Dieux.
L’histoire débute un samedi. Ce jour-là, le skateboard entreprend de voler le feu.
Son équation nécessite d’optimiser sous contrainte.
Bien sûr, il manque de tout, mais ne renonce à rien.
Finalement, le skate s’empare de l’eau.
Le lundi, la police informe les Dieux que de la terre a disparu, « également » — ce qui, en langage policé, signifie « aussi ». Ne manque plus alors qu’un vol d’air pur pour plonger le divin dans un parfait malaise.
Et, le jeudi, c’est chose faite,
le skateboard a dérobé toutes les bonbonnes d’oxygène stockées sur l’Olympe.
Finement, les Dieux le chopent : « 1. tu n’as pas fait tes devoirs 2. tu es parti avec le feu, l’air, et la terre
et puis avec de l’eau.
Alors, que veux-tu,
dabbar rasek ! »
Ainsi, comme ça, ils le chassent de l’Antiquité…
Après, pour alourdir sa punition, ils le mandatent juste
pour fabriquer un monde.
Et c’est ça, le problème avec le skateboard…
c’est qu’il n’y parvient jamais.
mais, jamais !
vraiment.
Le problème avec le skateboard,
C’est qu’il craint de s’endormir
sur sa tête au soleil.
Il s’inquiète d’y voir bouillir un restant de matière.
Il se réveille, habité par d’angoisses épouvantables,
Il se fait du moron, pour sa cervelle toute blanche.
Le skate, au vrai, se préserve de tout,
Sauf d’un peu de vin, et puis de tête de veau,
Sauf d’un peu du vin et de tout le haschisch,
Sauf « d’un homme très célèbre, qui était en même temps, un grand » mytho.
Il se nourrit vainement,
Prend ses repas au fond d’un casque,
Avant que de les rendre, inclinaison penchée,
têtes à l’envers,
filmées du dessous,
depuis ses trucks.
On ne lui connaît qu’un but : s’installer dans les images en mou-ve-ment.
Le problème, avec le skateboard,
C’est qu’il finira,
par se nourrir de fins.
Le problème avec le skateboard,
C’est son infime nativité.
Et sa gentillesse mise à part.
On l’a vu se tenir seul
dans un drugstore (ou un snack bar), alors que ça n’existait plus.
Il venait presque à la rescousse
et de tous mes exemples.
Parce qu’il n’avait plus rien,
au fond de sa tétée.
À peine un doute,
mais à tout prix.
Le problème avec le skateboard,
C’est qu’il faudrait encore
que ça m’inintéresse.
Le problème avec le skateboard,
C’est qu’il adore
se sortir dans les boîtes à consommer,
il y est fluide, comme pour toujours,
avec Camille et puis Léa, des étudiantes en mé-deu-cine.
Le skateboard, il sue, suprême, par tant de pores,
et il se tue par tous les sorts,
en avalant beaucoup de petits liquides calciques.
Il s’équilibre, lui, l’électrolyte
avec des sels, tous positifs.
Sur le dancefloor, il est dragonne.
on lui propose des trous dans la langue : « Tu viens faire des tours dans mon camion ? »
Mais le skate ne pénètre pas, il est l’objet de ces querelles.
Après manip’, certains se jettent à ses pieds :
« Voudriez-vous seulement devenir mon landlord et mon mari, la chose propriétaire de toute ma vie ? »
Le skate se cale alors la queue au fond d’un pouf,
Il y rédige des procès verbeux,
qu’il adressera tantôt
à ses analysants.
Ici, au vrai, le problème avec le skateboard nous pue déjà tout de la teub :
et il enterre sa vie de jeune fille, et on le bombarde
« agent apoétique »,
comme du maussade.
Rien de paisible.
Le problème avec le skateboard,
C’est qu’il a ricané pendant toute la durée du cours
et que vous ne croirez jamais,
jamais,
ni quoi.
Le problème avec le skateboard,
C’est qu’il faudrait lui tendre tes muscles, et pour souffler.
Il s’en faudrait de beaucoup, par pratiquants de la pratique,
dénaturés.
Les villes, notamment, elles emprisonnent joliment
tous les jeunes peuples de la jeunesse,
même des gitans.
elles qui appâtent avec le concret américain ou du saint bois et de la tôle.
Même les gitans.
Elles se bétonnent de l’Est au Nord et du Morvan.
Je les suis, en pratiques.
Et j’ai bien cru que l’entreprise portait le nom
d’une marque du luxe,
« Skatepark Archi-tecture ».
Qui obtiendrait ainsi un tel portrait pudique,
du tennisman en un hamster ?
Bien sûr que si !
sur son court, au prétexte qu’il se pisserait partout.
Portrait du portrait et dans une cage ? oui, tout alors.
Enfermé, pittoresque, au prétexte qu’encadrable.
Toujours cependant moins hamster mais peut-être moins encore que le skateboard dans son parké,
Dans un bowl minuscule
et sur sa rampe, elle,
rafraîchie aux quatre flux de nos toupets.
Je se fascinerait à le voir tourner rebelle, tout de bourriques textiles. la queue perlante, sa queue au vent, qui, elle,
elle dépasse.
Elle ferait même un peu kinky,
peut-être.
Et ici, tout il est vrai.
on bidouille tout,
à l’exception
de mon propre engagement sur la planxa elle-même.
Le problème avec le skateboard,
C’est qu’il a toujours ce côté flasque :
sur un filet, la musique ; et sur le fil, les qualités.
Aussi, en cas d’urgence, le skate décroche de sa combine,
il monte un groupe moins politique,
pour me jouer si fort, au fond d’un container.
Et une fois découvert,
une fois
puant la sueur de la sardine,
il (lui faut bien).
Le Skateboard apparaît ici comme une chose matérielle, relativement inerte, qui doit l’essentiel de sa dynamique symbolique à sa propre masse.
Le problème (Hammerhead) avec le skateboard,
c’est pour parler en lien d’avec mon père,
tout pour le mien.
Rien de plus simple que de revoir Abdel (plus que Kader), en 1986,
lorsqu’il y porte l’imperméable noir, à ce point large.
Il s’impressionne tant ce renoua-là !
Après, en 1988, comme il défonce son beau bureau avec ma planxa Hosoï
— j’aimais ce shape dit «hammerhead» !
Abdel, mon bon papa qui s’ignorait…
« Vous faites quoi comme djobe », lui demande en 1987 le moustachu du petit shop ?
En « 1987 » ?
Alors, par exemple, en 1988, le djobe, d’Abdelkader, c’était censeur.
il cisaillait, lui, aux ciseaux, deux de mes souliers à la pointe arrondie.
C’était parce que pour lui, en français ou en arabe,
dr martens et cherry red,
ça ne signifiait que trop.
Quasiment.
Mais avant, en 1987, il répondait (l’air constipé) :
« je suis chromé, petit, au fond de la cour.
bref, enseignant. Commis d’office. Je ne peux pas vous recevoir.
Pas dans l’immédiat. »
Là, ce soir de 1988, il me bugne, bugne, le hammerhead
contre son bureau — en tellement contre,
parce que
Hosoï !
Hosoï !
Hosoï !
Ce soir, le corps d’Abdel espère, c’est si limpide, me le voler en éclats.
Or,
que ce christian est crispant !
qu’il en appelle aux Macchabées !
Or,
que le bureau !
que le sacré du plateau paternel, il s’envole au canif !
Je l’ai bien vu, ce soir-là, le beau bureau d’Abdelkader, éducateur de la nation et de la France,
nous jouer son retour à l’islam,
en mille senteurs de petit bois !
Je le dessine naïvement, mon père,
un sandwich cochon dans une main,
exhibant de l’autre, un traité sur le soufisme.
Il se pose là, ce malhonnête !
Je l’installe même, couvert de zbeul,
sur sa longue natte de naturiste,
pour qu’il se drague (très poliment) Mme Nataf — elle, pourtant si nue
et comme un ver.
Enfin, je l’aurai vu, moi, le bureau rebaptisé en ligne de mire par notre Chris Hosoï,
un Californien rembourré d’épochè.
« Ceci est un corps meurtri !
Ceci… »
Et Abdelkader, bien sûr :
« Tu le vois, fils de con,
ce que tu me fais faire ! »
Et moi, fils de con :
« Oh, mais tellement, Père ! » Car, par ma faute, semble-t-il, Hosoï s’est accroché
à les poèmes.
Le Problème (Redressement du Camp et dénouement)
Abdel tance Hosoï, comme ça, jusqu’en pleine rue (Phase 1) :
« Christian, tu-n’es-qu’un khmal, une brel !
Mais t’y as pas honte… ? À écrire partout, là, sur les bleuets, comme une… tantouze !
Tu te prends pour qui ? Une poétesse californiste ?
Ahhhh, « Mââggie-Nêêlson » !
Espèce de tarlouze, va !
Ya khoya, tu m’dégoûtes ! Karba ! Pouah (et il crache par terre) ! »
Phase 2 : Après lui avoir bien foutu la honte devant des gens,
mon père compte le redresser, à-ce-Christian-Ho-soï.
Le tenant par l’oreille la plus droite, d’un coup de hammerhead, il le projette au plus bas de sa cause.
Chris est à demi-gisant.
C’est alors que pim !, Abdelkader lui administre un deuxième taquet, qui, cette fois, envoie Hosoï très très haut dans les airs.
«Hâ-kdek, voilà ! Main-te-nant, je veux te voir faire le stal’fish, hein, t’y’as compris ? »
Au cours de cette série d’échanges réparateurs, un problème sick avec la sauce de l’Histoire est demeuré sous le boisseau :
Abdel, rappelons-le, reste un marxiste orthodoxe. Il n’entend rien, par exemple, au feedback des idées sur leur unterbau.
Sa pensée est marketée en surtout « bottom-up ».
Or, du gestus au geste, un jeune punk américain vient d’être propulsé dans le ciel étoilé…
!!!
Vivant, idéaliste, les bras croisés en croix, Hosoï plane maintenant easy au-delà du bureau.
Chris se réinvente d’ici en représentation,
comme celle du Christ !
Là où, soudain, ça fuse de la lumière. Il y a aveuglement, épiphanie et, oui, fétiche !
et puis, puis rien.
Car, Hosoï, simplement incarné, descend tout juste, depuis sa rampe.
Moralement recomposé,
il se repeint, bien sûr.
Skholie : En substance, voici, bien malgré lui, (et par ma faute), que mon père, a fait d’Hosoï un authentique born again Christian.
Il nous l’a même ordonné prêtre.
où ?
À Venice !
Résolution : Toute la Vérité
était celle-là.
Plein de problèmes avec mon ascendance,
Comme avec la transcendance
des courbes verticales.
Le problème (camera obscura) avec le skateboard,
C’est ma conclusion mentale.
Longtemps je n’ai jamais su quel usage en dériverait.
Car le skate a besoin
de beaux habits nouveaux —
mais aussi beaux que fonctionnels.
toi, alors,
bombardé de substances,
je te fais designer-pourquoi-pas.
On peut maintenant t’étourdir,
te sonner, à la différence,
et à l’identité.
Comme le sticker, tu viens sur tout et sur tout le monde,
Ainsi va Nous !, va, de la P. L. Vivante, Nous, opacifiant les fétiches (Santa Independent Airlines, reflashez, s’il vous plaît, ces aimables QR codes !)
Ainsi va Nous !, va, se construire de l’image-monde,
Ainsi va Nous !,va, l’hallultra,
du tot montain.
Son image, belle bien et là :
Une fontaine,
alimentée à ses deux pôles.
Le Problème (l’autre pôle).
Je l’ai fait croire :
avec le skate, l’autre pôle, c’est religion.
Si seulement !
Sans savoir les mystères, considérons ensemble cette série de systèmes :
Le Problème (l’autre pôle : Skate and destroy!)
L’autre pôle, avec le skateboard,
il reste mortifère.
C’est celui d’hommes rebellés, parfaitement consentants.
Les vieux mecs-mecs ont la saveur
de la destruction créatrice.
Skholie 1 : Le skateboard et d’intrépides martyres nous opposent des traductions qu’ils voudraient naturelles. Seuls ou associés, ils avancent à découvert en :
— volume d’affaires
— et/ou chaleur du foyer
— et/ou chair à canoniser.
Skholie 2 : Comme des fleurs, mes propres « Skate & destroy! » célèbrent peut-être :
— mon entreprise
— ma famille
— et j’aime l’armée
Le problème avec le skateboard :
il s’y croit trop.
et c’est ses fesses,
plombées d’arrières.
(le prix des shoes sans prix)
Le problème avec le skateboard,
C’est qu’il nous couche avec des sporcs.
(Ici, j’ajouterais :
Ô, Olympe des crédules,
comme tu aimes à habiller
les pieds en crap
des forces,
à ta merci !)
Le problème avec le skateboard,
Ce sont les marécageux de souliers,
baignant dans les sodas les plus littéraux.
Ce sont les estomacs des pratiquants secs,
Luttant uns à uns, contre l’étranger à soi-même,
Luttant, en sueur, pour du propre à gérer.
Or, le pouvoir les perce, il les signale
et les active,
il les sublime, à sa manière, qu’ils aimaient tant.
À Toutes surfaces d’un mêmeuh monde,
dont je ne veux pas vouloir,
Que je désire si hardiment.
À La faute de goût près.
Collé aux corpus matériels, des pieds aux têtes,
Précipitant, cool,
à la mort du public.
Anarcho-capitalo-marécageux,
Bien trop collé aux corps humains,
des pieds aux peaux, à toutes surfaces.
« les patineurs deviennent sauvages dans les rues ».
Ça, c’était écrit.
Le problème avec le skateboard,
C’est que c’est tout de même réservé
à des rupins.
Le prix du matos,
t’aurais qu’à voir…
Le budget de pompes à l’air qu’il te faudrait !
On a eu, d’abord, l’ancêtre noblesse. Avant les codifications bourgeoises des années 1920, et puis d’après 60.
Au XVIIe, se pratiquait la skôtinnette (de « skôlé » et de « fretin »), dans les annexes sallées des jeux de paume,
à l’entrée de l’hiver ou au printemps, plus tard. Ce sont les nobles dans la région de Tours et du Haut Hénault, qui, malins, y initient la cour et, oui, le roi !
Cette histoire longue du mythe, elle fascinait mon père.
Dans les années 50, en Algérie,
l’Indigénat l’avait exclu de la pratique.
Les vrais propriétaires invitaient parfois les petits Arabes à rouler du peu dans les half-pipe — que certains possédaient même en parcs privés, perdus dans de vastes orangeraies.
La courbe principielle
de la vie d’Abdel !,
Celle qui le décida à se persévérer
« professionnellement ». Par la guerre ou par l’alliance.
Heureusement, ma mère, petite-fille de l’un des plus anciens shapers du port d’Alger, roulait aussi dès son jeune âge,
sur des planches en bois rare — sept plis d’ébène et d’acajou.
Elle participait aux prestigieux protests organisés en Métropole (dont le grand prix du PCF).
Elle offrait souvent, aussi, sa première planche à la seconde brue de Grace
de Monaco.
Abdel et elle rêvaient de voir leur propre fils pratiquer au plus haut des niveaux.
Ils m’avaient donc inscrit dans une équipe de patineurs,
un club très select du cinquième arrondissement — qui développait tout de même des chapters en province.
Sur un mur, à la bombe noire, ils m’avaient fait inscrire.
Et puis ils avaient repeint une partie de mon mur.
C’était à mon honneur. Le signe qu’à mon tour on m’initialisait.
Skholie : À 13 ans, comme un Hosoï-et-Cab, on me voyait déjà
de la
légende vivante !
Le problème avec le skateboard,
c’est son amour du name and shame. Comme ça — ou plus :
Jay Adams,
mort au front !
Jeff Grosso,
mort au front !
Jeff Philips,
mort au fond
Christian Hosoï-Prigent,
illisible !
Jay Adams
mort aux cons
Dave Martelleur,
mort aux vaches
suf marenda,
skater de mes bowls !
ut pictura…
J’ai la nausée, je suis si froid, à me pousser du coude,
jusqu’à l’aniculaire.
J’ai deux genoux sous la main gauche,
tout près de mon index.
Le problème avec le skateboard,
C’est la richesse du percept.
Le gouffre de cette richesse,
qui souffre
par le bas
des imaginations.
Mes yeux s’ouvrent eux sur des tous prosaïques,
muret : oui-mais ; borne : oui-non ; butoir : rugueux.
Il faudrait les avoir peints.
On en parlait, avec Denis,
de se peindre du mobilier vilain, avec la peinture rouge de l’Amérique.
L’intelligence, culturellement faible, nous faisait même
un peu défaut.
Le problème avec le skateboard,
C’est évidemment,
je crois,
sa mère
la pure.
Le problème avec le skateboard,
C’est qu’on l’expose un peu au Palais de Tokyo,
alors
qu’en vrai
ce n’est ni la danse ni le cinéma,
ni pas même
leur photo.
Le problème avec le skateboard
est tout figuratif — comme dans Art Press, lorsqu’on écrit « figure ».
« Bien sûr que la peinture, elle est morale, s’emporte ma mère, un foulard sur la tête !
Et la première question, pour moi, c’est la-la-ï-cité. »
Bien vu, « Maman » !
T’as toujours cette vieille gouache (30 tubes au plus), chargée d’enluminures quasi drop dead ?
Des lustres pourtant que les marchands de couleurs nous les balancent par wagons de motifs saints, par-dessous les marchés
Dessus, dessous, leur commerce révèle, ce faisant,
les visages ahuris
des skaters protestars.
La peinture est leur croix
On peint donc sur mesure pour ceux des Skate Nazis,
pour les « debout les morts ! »
Tu dois imaginer que
chacun d’eux, il prie le Dieu, chacun de son côté
(des « face au problème », on les appelle).
Accepte-les,
organisés en coteries, se prédestinant
à jouer
les Seurat
de la planche à roulettes.
Alors, bien sûr, qu’avec des tâches,
certaine, qu’avec des stains — presque des tâches, qui, bref aussi, s’en retournent au dripping —,
tu visionnes peut-être (enfin !) le visuel de l’Art.
Un lArge majeur,
majeur dressé,
dans son Adieu à l’Esthétique (titanium nitride coated!).
Eh bien, là, non.
Non.
De ces gargouilles ineptes, picturaves, putassières,
tu le répètes en gros,
« on voit, tu vois,
comme elles se représentent ! »
Sur ta figure matoise,
se glisse, de fait, la douce plainte pataouète :
« Mais, comment donc,
des chinese dragons vivraient heureux sous les planches en érable
de « Steve Caballero » ? »
et ce revers salé :
« Qu’ils se contentent, ceux-là, de faire la planche,
les bras en croix,
dans le Mytheux !
Chehhh ! »
C’est là où, daronne, je te crois volontaire.
Là où tu t’en rajoutes à peine une caisse, sur ces questions féroces :
le pro fait-il la planche, autant que la planche elle fait son pro ?
Et puis de l’Artbre, à lui, qui va panser, son devenir-planchon ?
A contrario, pourquoi pourrir sur la souche d’un suramour de maternelle?
Comment, enfin, La Vie rendrait-elle le shred plus intéressant que l’Artbre ?
Hum ?
Quelques mois avant notre brouille définitive, ma mère me débarbouille de ce reproche glaciaire : « Tu sais que je n(e t)’aime pas
te voir là-dessus.
Tu sais, hein ! »
J’ai quarante ans. Pour lui rendre visite, je viens de parcourir moins de cent mètres sur une vieille longboard amidonnée,
une toute blanche, sans autre motif.
De la pâle figure, oisive/inoffensive.
Le problème, donc, avec ou sans dragons,
c’est toujours au fond de ma reum,
Qu’elle nous hait,
mais graphiquement,
toute la Peinture !
Nous aurons fait de toi
et de toute notre émeute.
C’est le problème émouvant,
avec le skateboard.
Le problème avec du skateboard,
C’est que si je veux en dire,
Si je veux, ou bien m’en récrier,
Mes planches, mon chef, ça reste,
et du gruyère.
« — On dit « mental »
— Oui, mon chef, c’est du « mental ». »
Le mental,
Where definitely lies what is
Trou
dans la planche de la langue.
Le problème avec le skateboard,
C’est qu’il s’est tout de même interrogé,
Il s’est demandé au skateboard, ce que donnerait la mise en forme d’une série de problèmes
sur le poème
qu’il peut susciter.
Pourvu, qu’on n’ait pas affaire à un « projet » !
Parce que le skateboard possède bien un en-dedans,
On lui salue son by design.
On lui prête même
cette intériorité, réalisée à dessein,
sur une planche,
par les quinquas italiens, à col épaisse et barbes roulées, et des montures blanchies, celles de trois jours.
Pourtant, perso, sa vie dedans me paraît suspecte,
parce que trop pauvre.
Comment, en effet, « le grand monde extérieur — (l’autrice) veu(t) dire tout et n’importe quoi — est-il censé s’incorporer au monde de l’intensité intérieure» de sept lamelles de bois d’érable contrecollées ?
Cela ne laisse pas
d’interroger.
Bien sûr que le Skateboard est un substrat !
« Substrat ». Un terme, idéologiquement plus neutre mais à peine moins ronflant que « matrice de subjectivation » — en vrai, tout cela reste moins chauve, moins lunettes, moins col roulé
et moins San Francisco,
moins lsd,
moins cuir,
moins hervéguibertmathieudindon
et moins mort, enfin
(, mec,
ahah !).
Le problème avec le skateboard,
C’est qu’il me donnerait presque
à applaudir.
Je lui dois, sincère, un fier calcif,
lorsqu’il
Signe de son excellente orthographe queer.
Monté en symbole entre deux épais virtuoses,
Il s’offre de spectacle
et puis tout à la foule.
« Ou vas-tu bidibulle, l’interroge-t-elle, reconnaissante ? »
Le roi Barbar’ ne rectifie pas,
Il se contente d’une terrible précision :
« Oui je contiens du plomb,
C’est pour rester debout,
élémentaire. »
Voici enfin, une cause de déni pour ceux et tous,
Qui se circulent en forêt,
au pont d’aînesse.
Le problème avec le skateboard,
c’est qu’il me fait Sujet.
Tant que je tiens dessus,
moi,
en équilibres.
Le problème avec le skateboard,
Ce sont les plus intègres,
Qui, parmi eux, aurait misé sur quarante piges ?
Denis, là, oui.
Assez tatoué, de là à là.
Depuis toujours, dix jours de peine.
Il porte sur chaque phalange sa croix de malte, ressaisie hors commerce.
Elle lui bave dessus d’indépendance. Tant qu’elle le peut.
Un jour, à la gare, elle lui vaut ce chapelet d’ennuis,
avec des routards, des hommes biens,
des politiques.
Denis répond le nécessaire.
C’est un sanguin, qui aime donner
et recevoir.
D’autres fois pourtant, il fait son poli de miséreux.
Comme un rien, je le vois s’écraser en profil mou :
« C’est bon, c’est cool, c’est cool… c’est cool ! » Et il le répète, ce merdeux,
tête baissée, oreille baissée, queue un peu droite (baissée).
Là, épouvantable, il SuiS celui qui craint.
En 2014, on a tous nos quarante ans. Tous, plus ou moins.
On s’abonne l’un à l’autre, à nos promesses,
Ce « on » est un sincère, sans vrai calcul. Comme son tatoueur, « un pote d’un pote qui bosse dans une mutuelle, il va me faire les four bars de flat blague ».
Où tout en Denis s’étale en moi :
Il porte beau.
Sous ses doigts, il déplace, à lui seul l’élégance bleue,
la virulence.
Ses revers, à eux seuls, cassent parfaitement sur une peau tournée,
jaune parfaitement : sur une toile foncée,
bleue parfaitement.
À lui seul, il a ce goût.
Hosoï est peut-être son nom.
Où moi j’Ador(n)e le répéter.
Une, fois deux, fois
ou trois encore.
Maintenant, on aperçoit ce problème.
Intermédiaire,
avec ta mère, ce chef-d’œuvre inconnu.
Elle ne pourrait, elle, piffrer Denis.
Non pas à cause de la longue barbe filetée de sels.
Non pas pour la netteté crasse de ses récits premiers
Non parce qu’il se prive d’alcool, de beuh et comme de tout.
Mais parce que les éboueurs l’indignent et, qu’aux tréfonds, ils l’épouvantent.
Parce que ta mère dit toujours, d’un verbe pauvre : « C’est malheur aux vaincus ! »
Parce que skateboard est le stigmate de ton copain, surfer du pauvre.
Un sous-pauvre au RSA, condamné aux TIG,
Pour n’avoir su payer ses billets vers le parké de Venice Beach.
Non mais encore !, l’idée, encore !
Et quand vieillard, ce sera justice,
Denis crèvera dans le public, sous les hospices,
les viandards grimperont, eux, dignitas, dans l’énorme jeep,
celle de ton père,
à la place d’y mourir, en fanfare de klaxons.
Le problème avec denis, tu vois,
c’est qu’il n’est jamais,
jamais trop tôt.
À Hermosa dans les Deux-Sèvres,
les mécanos ont fait main basse sur l’air guitar.
De leurs bleus au travail,
ils ont blondi entre les clés et les étaux.
Le temps d’une pige,
Le temps d’un hit,
je s’est offert, accompli, autorisé,
de libres exploitations de ses propres mirages.
Révolution : Bousculant l’ordre d’établi,
Les petits blancs,
ont stimulé
la contre-société.
Théorème :
Le problème avec le skateboard,
C’est qu’il n’est pas socialiste.
Le problème avec le skateboard,
C’est que je ne me laisserons pas faire.
Il ne me fera pas. Pas totalement.
Le poème avec le skateboard,
C’est qu’aussi, désormais,
Il a tout comme un problème,
Avec moi-même.
Je le sais bien,
Et puis, quand même.
switch mongo imposter (ultime cadrage ?)
« non, en vrai, c’était (au choix) :
un malfrat, notre tante, un piège, un manœuvre, une tentative d’évasion.
c’était : virjigna-ouf, de l’amour simple, un addendum,
c’était : de la caméra casher et un petit cœur.
c’était : un long poème.
c’était : vrai-ment tant et tant de choses, comme des tajins,
mais de toutes autres. »
autres, voici, enfin le tour de l’idée. car un recadrage de l’expérience revient d’avance à invoquer cette clause : « non, en vrai, c’était… »
le « non, en vrai… », mirobolant, donc déceptif, parfois navrant. or, c’est selon quelques enjeux.
me concernant, le recadrage débutera par : « non, en vrai, j’étais… disons… « posaïque » (je remplace).
je donnais, plutôt, pas mal dans la pose — même si je n’ai pas toujours été un posaïque. » c’est ce qui change. tout·e.
tout·e d’une vie d’humain se mêlant, en miroir, dans le rétroactif.
je sais donc à présent comme j’aurais pu me récrier :
« non, en vrai, le problème avec le skateboard, c’est bien, au final, qu’on aura vécu si longtemps, sans se douter le moins du monde de ma condition de posaïque (j’ai remplacé). puisque je reçois tout juste la nouvelle — je dois bientôt passer un test, mais tout est déjà joué, assez. »
j’écris désormais :
« mettons que pendant 45 ans, je n’étais pas malade — puisque non, la pose n’est pas une « maladie » ! c’est, dès lors, renversant de tant de perspectives que d’avoir vécu une grande partie de l’existence de la France et puis du skate « en tant que ». je me serai donc traîné un peu de tout : des aspirations, des réponses à leurs attentes — d’autant plus grotesques, que tant d’entre moi-même ignoraient leur posaïque vitalité. »
à 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44 ans, elle me l’avait pourtant répété : « non, c’est juste que tu es bizarre ».
c’est plié, j’ai compris. je fais avec le bougé de l’interprétation.
j’accepte le couperet-décalé. J’écris :
non, en vrai, je n’étais pas ce Croyant pour le Mytheux (celui qui suit).
j’étais plutôt
ton atypique,
celui qui,
(à peine)