Marcel Deburas

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La fin des temps ne vient pas

Abrüpt

Mélange

Tout
Initial

[…] Lupus. L’homme n’est pas un loup pour l’homme, il est une tombe. Vous vous faites des idées, et vos idées, par solidarité, devront devenir à leur tour les nôtres. Nous finirons avec nos idées indissociables dans des camps, et nous nous recouvrirons des cendres de nos camarades, qui, par solidarité, devront devenir à leur tour nos cendres, et par nos cendres indissociables qui voletteront dans l’indifférence ou la peur, nous continuerons à voleter indissociables les uns des autres, avec l’espoir d’embuer encore d’un peu de gris l’éclat des autorités à venir. […]

[…] Tout est calme, l’usine ne soupire plus, elle est crevée. Calme l’usine. Plus que dans les jointures ouvrières qui craquellent. Les jointures de l’ouvrière, et les douleurs étouffées par l’immatériel. Une richesse qui rigole au-dessus des frontières. Jusqu’en des îles qui demeurent opaques aux jamais rassasiés. Le trésor vrai des îles, des paradis virtuels, en absence de l’ouvrière et de ses jointures. Sans limites jamais l’île ne s’offre à l’ouvrière. Puisqu’il y a la condition de la femme, la lutte de l’ouvrier mâle. Où demeure-t-elle, l’ouvrière sans île. L’ouvrière sans discours pour s’offrir le répit. Qui abandonne l’avoir à son être, la retraite qui se gagne l’année en avance sur le mâle. Un même silence que le mâle. Où s’en va son capital, quelle finance sait sa nature sans limites. Seule, l’abondance à jamais pour la femme ou l’ouvrier. Et l’ouvrière. Son usine fermée. Le chômage, sans île, sans magnificence. Retour à la vapeur. Un rêve saveur rhum s’égare en vinaigre, chômeur. Cris et pancartes. Picrates et crachats. La spoliée se déguise de colères. Les revendications moquées. Sans cervelle, l’ouvrière se dilue dans un soir de vaisselle. Jusqu’au dernier soir, la chute. Pour la brave, ses bras qui s’offrent entiers, sans concessions. Ou son honneur, pieds devant. Somptueuse pour que l’opulence foisonne, encore et encore, encore ou encore. Et qu’il y ait des îles. Sans elle, pour le propriétaire des îles, qui ne partage pas la morne vallée. La Fensch, le charbon et la ferraille. Lors de jours impairs, des conseils, des gens qui parlent bien, des concerts, des socialismes qui méprisent mieux. Ils sont élus. Et l’exploitation en perpétuité. Se perpétue jusqu’à la sève, de femme à l’ouvrière, la crevée, la cognée. La nation qui cogne pareil. La haine partout, la raison ou la haine des gens éduqués partout. Des frontières pour cloaque parce que l’idéologie. Et les éduqués rien à foutre des assiettes vides, des retraites et des cognées. Rien jusqu’à la fermeture administrative. Sans cervelle, cervelle soldée quand même. Se répand sur le papier peint. Personne ne parle de joies, de pleurs, du dimanche, des anciens jours fériés. Délocaliser l’instrument à trois pieux. Ça ne se restreint plus. Il est en miroitement de lui-même. Étincelant avec des îles et des paradis. Il résonne d’immuable. Contre des larmes sporadiques. L’ouvrière suicidée, seule. L’établi à sa place. En remplacement, calme. Valeurs disponibles, en îles, en remplacement de l’ouvrière. Intermittence d’ouvrières. S’époussette sa place. Docile la remplaçante. Se parant du joug, celui de la suicidée, le même. La honte qui ne vibre pas. Il faut gagner la pitance. Jusqu’à la cassure ne se répandra aucune vengeance. Après la cassure, non plus, un simple remplacement. L’intermittence, qui rappelle. Contrat à durée déterminée, comme la pitance. Les objets de vengeance seront en leurs îles. Parmi la carne retournée, individu contre individu. Le roi en virtuel de soi. Pourtant torpeur s’accouple à soi. Pourtant tout menace, tout est calme, et l’ouvrière croupit, elle ne croupit en aucune mémoire. Avant l’ouvrière, la femme était seule. L’usine fermée. Aucune menace. Tout est calme. […]

[…] Hautement. Haut-fourneau, haut patronage du suicide. Du labeur jusqu’à la dernière seconde. Celle des pompes arrêtées, derrière les thorax, en avant des machines. Haut les cœurs pour rien, haut-le-cœur des mortes-saisons. Et de mortes-années se présentent. Les carcans se délocalisent. Les âtres s’éteignent. Haut-de-forme en première classe, haut-parleur des syndicats qui diffuse, ne diffuse pas. Sculpter des cénotaphes en charbon, subventionner des épitaphes pour barbons. S’alignent, s’ignorent. Du plomb et du sarcophage. Haut le drapeau parce que le bas peuple. Il doit crever pour les bien nés. Haut l’empire des échanges qui ne tintent qu’en richesses. L’acier s’écoule entre des mains aguerries qui se menottent aux rouages. Prêtes à être coupées à la moindre velléité, sans la moindre aspiration il faut obéir. De la quiétude se martèle dans des presses, et ne tonne pas le moindre songe. Des taiseux, d’airain et de courage, bleu d’usine, l’anonymat c’est pour les autres, jamais pour des gueules noires qui se chamarrent l’une l’autre, de toute éternité, se mettent en perspective des tombées d’aurore. Ils protestent contre les maîtres, sans rien céder même rompus. Par l’ouvrage qui s’inflige pour casser la croûte, pour casser la vie. Se dire que l’on ne cédera pas. Et l’on cède. Il faut bien céder car il faut encore la casser. De haut, les gars de la haute ils le peuvent. Ne pas céder. Ils s’imposent autoritaires aux démunis, se plantent dans la surveillance, ils pondèrent leurs intérêts et déversent leur dédain. Mais haut le couteau. Haut et court l’indigne se figera au plus haut des cieux. Par la gloire du geste, sa division, la division du travail. Soufflard s’entend, et s’étend le devoir, la suie s’élève, se lève la lutte. […]

[…] Minerai de fer, l’acier pour regard. Ô sidérurgie, ô cette urgence, ô sa sidération en rab. Des empourprés de l’âme forgent des lingots. Des bras en multiplication du profit. Rapides. Licenciements rapides. Les bras précipités dans la fonte. Transpirants, enluminant les mèches. Les tatouages se lustrent. Quelques exotismes. Des bras pour graver la fantasmagorie. L’évasion se lamine. Se lamente. Surnuméraire, and disruption they say. Des rails, de la tôle. Crache et crachat fournaise. Des cheminées pour cathédrales. Cathédrales en perspective sur d’autres cheminées. La porte. Ils fument entre les privatisations. Cheminant leur chemin. Harnachés, suivre la chiourme. Ensemble, paumés. Le nécessaire surnuméraire face à la garde. Disruptive. Des bras acharnés pour l’argentier, décharnés en fin de mois, et fin de journée, plaque tournante, plateau-repas. Plus-value, valeur d’usure. De la peinture tache l’allant. Sortie de secours, pointage d’âme. Métaux travaillent poumons. Qu’aucune alliance ne réponde à la peine. D’alliages persiste le bassin, en croix la Lorraine dessous les sédiments, elle s’échappe métallique des caveaux. Dégaine casse, crainte du patron, la gêne passe, la crainte du nom. Pointe, secoue le fétiche. Trente-cinq. L’oxygène y est liquide. N’y respire pas la dalle. Des convertisseurs en tous lieux. Ne s’y convertit que dalle. Non aux luttes. Pas plus pour les avancements. Se hisser là-haut. Envoûtement vers réverbères. Tout en haut de l’en haut, s’y hisser en faux-carré. Le soir s’expose grand. S’y enivrent les dimanches en souvenirs. Chacun chez soi. Une mer de chevalements qui veille. Finies la guinche, la valse d’écrans. Des chaînes qui se répètent jusqu’au repos. Complexe s’en fut. Sans pareil. S’en fuit. Emboutit le repos. Les bras fatigués. […]

[…] D’après-mine. Mine fermée, bobine dévidée. Mine chagrine, des rides tailladent. Mine de plomb, la dernière lettre. Son papier carbone, doigts charbon. Coup de grisou, le coup de semonce. Charbonnier façon charnier, prolétaire la semence, dessous. Pestilentiel en rien, rien que pour la pollution. L’ossuaire et les décombres. Stérile terreau, forage après. S’ensevelit son matricule, l’ouvrier ne sombre pas, il se remplace. Des roches, abattage des illusions. De l’ouvrier qui sédimente. Pointer les matins, pointer vers l’aven. Sans haine trimballer son transport. Métaux lourds, et légère l’irradiation. Au fin fond du gouffre, le soufre, ne souffre pas le carbonaro. Il frappe la roche. Écoute la résonance. La lampe au front, la révolte qui carbure, au milieu de l’incendie, elle croît. Chariots chargés, l’humaine fourmilière qui se termine en continuité de terminus. Jamais ne s’arrête le chemin du fer. Faire ses jours en offrande. Jusqu’à la fracture. Extraction des richesses, des corps. Un pétrole d’hommes pour les croissances à venir. Futurs fossiles pour futur gisement. Nihilisme, à la porte. Visiteurs, inquiétants, inspecteurs du travail, l’indulgence. D’autres acteurs, la même pierre, et des gisants à la ronde. […]

[…] Échafaudage n’en tisse pas large. Qu’échafaud pour des casques blancs, et la clope au bec, syndicat pour filet de sécurité. L’habitude use les mailles. Retiennent-elles encore ciment et soleils. Qu’advient-il au loin du béton, quand le hagard, l’esquinté, le tout au bout de la sueur, repose la truelle et sa retraite, au fond de sa gamelle, la pâtée recouverte des échappements, elle ne bouge pas, s’échappe sa cuiller, et les miettes fourchent. De ce qui se déclame, l’assemblée dite populaire, le syndicat fera l’affaire, et les indemnités pour miettes, pour cent. La sociale société. Reposer le casque blanc, sale, la truelle. Rien à grainer, juste de la mauvaise qui palabre. N’apprécie l’engrènement, le syndicat faible. Péri à l’urbain. Les grisailles croissent. Insulter le chef, le chef du chef, lui mettre contre la gueule. Pas droit à l’insulte, à mettre sur la gueule. Les articulations qui croassent leur chimère. La gueule, halte, l’huile de coude qui fait son ballet, la halte, et un sabot dans la machine, en pleine gueule, lui aussi. Non. Se taire. Pour les indemnités, et se terre. Plus bas que la trouille. Ne pas perdre les indemnités. Ils appellent ça le salaire. Voilà le chef qui gueule. L’obéissance courbe, tout contre lui, tout contre sa gueule. La chimère. D’années grasses, les griffes dedans. C’est l’assemblée qui l’énonce. Le rappel des textes qui disposent le droit de grève. Les textes qui conduisaient place de Grève. Et les casques blancs qui ne savent plus les articuler ensemble, sans l’assemblée. Il n’y a plus d’ensemble. Ils s’évertuent seuls pour la pâtée. Près de l’âtre, près de l’ivresse aussi. Le vin cuit qui se cuve avant la cloche. Au hasard d’un sac. Mortier ou mortuaire. De gravats ou de cadavres. Mais quand la gamelle virevolte le midi, vers le midi, le casque blanc évidé, il vide le vin, ce qu’il reste d’humain. Abandonne trouille et truelle, et sans corde, court, se plonge en vide. Rigole grise s’entache. Ça s’écrase l’ouvrier depuis l’échafaud. Ils appellent ça l’échafaudage. Ça s’écrase comme le sac de mortier. Le sac mortuaire pareil. Ça fait moins d’éclaboussures qu’en chimère, mais ça reste plus longtemps sous les casques blancs. Émaille. Le lendemain, le numéro de veste remplacé, à un autre la veste. Grises mines qui se confondent, au fond d’en bas. L’ouvrier en bâtiment. Ensemble, les ouvriers, ils sont un bâtiment. Son effondrement. Sont les bas-fonds d’eux-mêmes. Pour autant, l’espace d’un temps, cette seconde, une seconde indivise, il a flotté, casque blanc, sans trouille et sans truelle, avec son midi. […]

[…] Ventres creux creusent visages, et les estomacs travaillent. Life expectancy de plénitude, d’estomac plein, nul n’expectore le plein. Full, fulfillment. En orbite, échapper aux famines, légères, les fins de mois, les dettes et les faims, les treizièmes mois lointains. On s’en souvient. Les dettes qui s’épinglent sous l’insigne, avec la faim. Marcher au pas, à l’abri, mais au pas, la peur pour paravent, presser le pas, éviter leurs semelles. Des quelque peu qui inhibent. Restrictions budgétaires et les inhibitions plus grandes. Sortent le contresens et l’absurde. Se retourner la panse, le sens de la sortie. Du secours, hors spectacle. Du zèle, hors-champ. Exit. Pour engloutir, plus, encore, suivre la courbe, par le marché consommer l’esprit, marcher jusqu’au flamboiement. Au pas. Consume des couronnes, papier mâché, rien d’autre pour la dent. S’en contenter, ruminer, répéter, billets sans valeur, et la sueur pour du sans valeur. L’inflation, les inhibitions. Absence glace assiettes, crédence oiseuse, l’inflation brouille sa définition, brouillon de rien, et grouille le manquant. Échoir ensemble, les créances échues, le credo pour gaster. Portée à la boutonnière la médaille, ça ne se mange pas. Les moutons se reconnaissent, les moutons se saluent, les moutons suivent les moutons. Ils ne se mangent pas, ils sont des hommes avec des médailles. Et les hommes avec des médailles, ça ne se mange pas. Les médailles, ça compte. Gorge muette, muette ou tranchée, on continue, on compte pour la faim, la fin du mois, on engorge les coffres contre le salaire. Fin du mois, salaire, salaire faible, sans treize, mais salaire, se taire, possible encore de s’empiffrer, de faire le marché, d’acheter au rabais les graisses moutonnières. Malbouffe, pas assez de monnaie pour la santé. L’abattoir à soi absent dès le quinze. Et la morale bourgeoise qui juge les assiettes des pauvres. Leur composition. Juge avant le quinze, sans treize. Jugement d’après quinze, au moins il n’y a pas que la viande pour boucher les trous. L’anesthésie nappe financière, un capitalisme culturel qui renâcle. Mépris de malbouffe, mépris de classe, et gorge muette ou tranchée, celle qui travaille, s’engorge de ce qu’elle peut, passe la poussière, suit les ordres, la poussière sous le tapis. Son astreinte qui n’illumine point une voûte de nuit, basse. […]

[…] Crève. Crève-la-faim, crève-cœur, plus le boulot, l’oisif ne s’envole pas, derrière l’établi, faire ses heures comme on fait sa vie. Maugréer, soupirer, persiffler, conspuer même, mais que faire si ce n’est faire ses heures. Et les heures faites. Hors service jusqu’au lendemain. Hors les murs. Clinquantes, les murailles d’usine. Avec des néons qui rappellent le nom du maître. La phosphorescence qui rejette la crise. Ou fait de la crise l’opportunité de la réforme. De l’anesthésie. De l’encore plus de profits. Hors les murs, traverser les transports publics. Entrer, sortir. Sombrer. Une campagne qui s’ignore sous l’usine. Un terreau qui délaisse sa croissance, absorbe l’économique et les fluides chimiques pour cette phosphorescence. Des courbes éructent dans les rainures. Une économie périurbaine qui ressuscite le rural. La finance absout le pécore. Hagiographie pour les agios, une agriculture pour déjà repus. On ne recouvre pas la santé. Et puis post-mortem fast-food. Qui a faim d’argent. On avale la pilule. La flemme. Six coups, flegme. Fressure en deuil, pesticides au petit-déjeuner. Les entrepôts inutiles qui se plantent insensément sur la plaine. Allégresse et transpalettes. Des comptes en banque et des intérêts négatifs. Parce que les temps sont durs. Et que votre argent est sale. Les licenciements jamais loin. Le vide des entrepôts pour faire écho de la menace. Plus de boîtes. On dit plan social. Les conserves sont vides, elles s’entassent. Auprès du reste des détritus, reste, plus aucun soûl pour boire. On ne prend plus la tasse chez le bouseux. Pour la cigarette, il faut à présent un billet. Il doit se taire, c’est comme ça, c’est l’économie. L’entreprise fermée, rien à entreprendre, l’économie de parole, la zone industrielle en jachère. Il fermente. Même la bière trop chère. Il ne s’épanchera pas. Ou six planches, six, et étancheront sa soif. En face, des nappes en soie, la gare, le buffet lustré, le buffet de la gare plein. Il est devenu un restaurant chic. A chassé ses méchants. Son concert de financiers qui jamais ne s’amendent. Ils rient de bon cœur. Insouciants, des bières à la main. On y planterait volontiers son pavé en leur bon cœur. Mais surtout ne pas battre le pavé. La tôle c’est pire que le chômage. Ou peut-être pas. Sinon même plus le casse-dalle et la tête cassée à coup sûr et à coups de lois. En-tête, l’affront, une signature, rien à redire. L’administration et l’inaction correspondent. Le carnage évité, les carnivores n’ont plus de force. Les bras ballants qui glissent. Des votes, l’autorité réélue. Ça recommence. Spéculateur peut bien spéculer en nécropole, la politique affecte, et le troupeau a peur. Il suit à nouveau, passe par pertes et profits. Accepte. Plus d’émeutes, les comptes sont fermés, les gueules fermées, toucher son reliquat. Ne pas se faire prier, on circule. Les syndicats à la capitale. Elle est loin la province et ses tâcherons. Un pouvoir capiteux parle pour eux. C’est le syndicat. Et les chefs des syndicats mieux lotis que les syndiqués. Ils peuvent se payer la bière. Le buffet de la gare aussi. Ils jasent loin des enterrements, que ne disent-ils pas. On ne s’habille plus que d’humiliations. D’un bout à l’autre du social. De haillons et de grises mines. Les macchabées sèment l’engrais, ils putassent avec le compost. Et pulvériser les restes des liquidés. Restent. Génétiquement non modifiés, ils ont crevé avant. Quelques sous pour le lisier. Le sens de l’emploi, sa fin. Du précieux fumier pour les puissants. Parfaite récursion de l’emploi. La faucheuse fait fructifier. Clopin-clopant avec le chômage. Les marchés sont fermés, repos. Ça recommencera demain. […]

[…] Je suif, nous saumâtres. Pour la graille tâcheron d’avoir. Oncques de bronze, radius irradié, l’ultime ulna avant l’amputation. Et là, sonnaillent les ossements, se fondent nos charpentes. Estrapade dans les crânes, je trépane le mien, les autres crânes, ça granule en toute tête, et la mitraille. L’accident juste à côté, mais il faut continuer. On continue. Au-deçà de l’accident du travail. La conscience ne musarde pas, le temps n’use pas, c’est l’usine, et l’écrouissage pour panacée. Gaz qui panse, compenser le coup de poussière, éviter le coup de latte. Qui tombe de l’enrayé. L’accident, celui du travail, il claque les battants, et balance le hachoir. Direction moelle. Oxyde la citerne, dedans l’inconnu, le silo prêt. Ne s’évide pas vis-à-vis d’accident. Le substrat d’accident en torpille. Pause tambouille. Et le travail qui ne musarde pas, il reprend. Des trèfles sur goudron, tréfile bâtarde la substance. L’albumine pour l’alumine, du recuit vouvoyant le chalumeau, manœuvre élastique, des cités à l’aciérie. Elles ferment leur gueule, les cités. Se hâtent les fourgons, tance tenseur le zélé, il y a des centrales, le contremaître, et les journaliers, caractères de plomb, et plomb s’en va, des quotidiens salis. Le zinc encore un peu. Le blanc, sec, et l’engourdissement, la douce gourde. Le deuxième verre, retour en travail, ça passe mieux avec le blanc sec. Désœuvrés et charognes, les autres dans l’angoisse. Quel bilan pour leurs heures. La retraite en loin, une ligne, passée au passif. La sainte comptabilité, elle ourle houillère en creux des vallées. Nous sous les surfaces, personne n’écoute. Ferrifères des réitérations. Cette croyance en grenailles, elle expire avant que la fabrique ne ferme. Usure d’usine. La fabrique ne ferme pas. Clouer par surcroît, et décroît la flamme jusqu’à l’accident. […]

[…] Cinq impasses, tourne le barillet. L’amorce est un souffle radiant, soufflant. Cliquetis se dédouble, qui s’étale en néant. Autour de lui, il n’y a plus que lui. La frappe ne se présente plus. Quelle fatalité le délaisse pour d’autres fatalités. Un canon qui s’écaille. Dessous, la rouille. Mécaniques balbutient l’eschatologie. Éclat sourd et négation. Souffle hors de lui, soufflant. Tout détourne son regard, tourne le barillet. Se réverbère contre des murs dévalés. La blanche de lumière néon qui disperse la poudre à l’encontre de l’onde. Mais il s’éloigne. Pas aujourd’hui. D’acide déjeuner. S’échoue contre contemplation. Contre maussade, contre rire à la dérobée. Se dérober pour l’instant. Il rêve vaguement de l’instant. D’explosions et de poudre. Il rêve d’oubli. Ne vibre qu’en la poudre lointaine. La nuit poudrée. La chance se provoque et s’abandonne dans un même serment. Des cylindres se renouvellent sur le jour qui commence. Il pointe, maintenant. Il a le droit, le hasard accorde la vie, tourne le barillet. S’en aille l’ultérieur, réflexe il se lève, l’oubli à lui. Se hâtent les cartouches, précieuses, celles qui ont le nom des inconnus gravé derrière le métal. Leur tintement, ou le divin. L’absence, chambre vide. Risque-tout, ça ne fauche plus du côté du plomb. Se spécule la forge bruyante. Ne se partagent jamais les douilles. Il les garde contre l’artère qui palpite. Et ça carillonne, ça raconte le commencement, le clair-obscur, la poudre aussi. Loin de lui, en aliénation, à la rencontre du prochain cliquetis. […]

[…] Saigner pour mieux partager le reste. Dégueulis ignorés et chaussures lustrées. Qui s’empressent en servilité. Déferlent sur le quotidien. L’un ou l’autre. Ils tiennent du pavé, le haut ou le bas. Pour que ruisselle la détresse qui hurle. Et hurlements du rappel, une sénescence qui sonne l’ère. Les cris ne diluent pas le fraisil. L’homme dévore l’homme. L’hémoglobine. Point du jour, point de jour. L’incarnat qui le recouvre, ce jour plein, et le même se replace à distance des rives. L’histoire est un cycle, du maître ou de l’esclave. Qui en est le lâche. […]

[…] Le sang frelaté des minuscules. La carence. Tourne, tourne au-dedans de la faim. Le sang réprouvé. Que dise disette. Faiblement. Elle anime les gestes désargentés. Minuscules qui frémissent. Frissonnent. N’osent piétiner le probe. Parce que l’alarme et la matraque. Malpropreté commune, faire avec. La sienne, celle de l’autre, faire avec. Accepter les tréfonds, le vétuste jusque dans l’intime. Les immeubles qui s’écroulent. Qui pèsent sur les sommeils. Toujours s’affaisser avec les immeubles. Les délaissés qui vont. Nourrir le quotidien, la mangeaille y revenir. Sans goût. Mâcher. Encore. Et en sourdine. Parfois, dans les immeubles qui s’écroulent. À pierre fendre, mâcher. Jusqu’à l’amertume. La vengeresse des nuits de l’homme. Parmi piètres, une prière qui retentit. Elle console. Récursion de la pauvreté aussi. Parmi leurs errements. La pauvreté consolide ses barreaux. Tombe, tombe au-dedans de la cité. Et le sang frelaté, ce sang réprouvé. Un sang qui drape d’évanoui. S’unit à l’inespérance. Reluit. Tente son estompe. Écarlate, incoercible sur chaussée. Il tente malgré. […]

[…] De guerre en déshonneur. C’est une brisure. Elle parcourt l’asile. D’amputations. D’amnésie. Où s’en va la carne après l’amputation. À la ronde des paroles d’armistice. Elle les tient à distance pour si peu. Pour l’absurde. Pour le réconfort des réponses qui ne pressent pas. C’est une brisure qui ne dit pas ce que l’institution fait des ordures organiques. Déchirements écarlates pour l’armistice. Un bras du peuple. La bourgeoisie a trouvé une bonne raison pour être dispensée de front. Elle sème ses incompris. Mais la bourgeoisie tranquille, puisqu’elle sème d’un même geste. Prétérition sur liens, liant. L’acharnement au travail qui revient. Pour les sans-bras seuls. Ils se fracassent contre des contrats. Contrats nouveaux comme contrats anciens. Une guerre pour contrats. Durée indéterminée. Ça vaut bien une jambe. Ou un bras. Pourquoi un membre sans patrie. L’inexpliqué est un soupçon d’immonde. Se répand déjà la société. En sacrifices. La mantique, son commerce immuable. Ne plus en entendre parler des sacrifices. Ceux qui ont été dispensés du front ne veulent plus en entendre parler. Les humbles tenues. Soumissions. À l’uniforme. Ils acquiescent avec leurs cicatrices. Tristes parmi leurs tristesses. Gueule brisée, ils la ferment. Pas le choix, la nécessité, la brisure. Première. Pas le temps pour leurs tristesses. L’ordalie, et des heures à faire. À perdre pour le bien. Les biens et l’alcool mauvais pour faire avec. Une meurtrissure qui ne part pas. Une guerre qui ne passe pas. Mais des heures à faire. En état de guerre, permanence. La guerre permanente pour les cicatrices. C’est une brisure. Tout au plus une cicatrice qui fait ses heures. […]

[…] Fusil aiguisé sur rétine. Vitreuse. Le fusil indique la direction de l’histoire. Un tumulus se creuse dans le ciel. Et les fusils plantés dans le ciel. Un ricanement dans la pénombre. Une parole qui ne se sait pas, et la rétribution du ciel. Un inconnu replace doucement son chapeau. Grave. L’histoire ne narre pas le stigmate. Et s’en moque des croyances qui s’appesantissent dans le sous-sol. Il a vu des cadavres, il a vu les cadavres frères. Et s’en moque des sous-sols. Il n’y a pas de ciel dedans. Il ne lâche pas un mot de plus. Celui courtois qui s’exhale parmi les lâches. Ils se sont mis vivants en sous-sol. Pour échapper au tumulus. La façade vide, vérolée. Avec le stigmate et l’histoire. La façade qui ne couvrait pas la barricade. En arrière de barricade la vie qui se perce. Et la façade pour faire présentoir. Couvre la barricade, seul suaire, et barricade à terre. La faucheuse sur façade. Elle grave ses marques. Rien ne loupe, avec le fascisme éternel. Rien n’évite les sous-sols. L’inconnu fait visiter son pays. Un tumulus grand comme un pays depuis que le mot peuple se prononce comme une insulte. Charge, il tire sur la terre comme on tire sur le ciel. Avec un fusil. Sur un ciel sans embrasements, sa justesse, et le tumulus. Mais dans la foule, une foule sans peuple, la noirceur qui vivote au-dessus des gesticulations. Elles ne sont pas les siennes. Mais l’espoir s’accroche à lui. Une sédition qui va à la renverse. Foudroie et damne. Celui qui ferme l’âme face à l’émiettement, celui-là ne renverse rien, il cultive son sous-sol. Il n’y a pas de répit, puisque le sous-sol dicte qu’il n’y a pas de peuple. Des richesses supplémentaires se calcinent dans les mains riches. Les mêmes. Et le sillon s’habille de lambeaux. Il cherche. Mais c’est un échec. Un de plus. La richesse sans pitié pour ce qui lui est étranger. Elle frappe. Construit contre le chant furieux des équilibres. Beauté et fin. Un tumulus dans le ciel. Un de plus. Et des fusils. […]

[…] Ils parlent plus bas. Les murs les écoutent. Ils complotent. Impossible songe qui sème parmi les camarades. Mensonge, plus tard la perte. Les passants fuient les passants. L’autre est une incertitude, l’incertitude une menace. Des rues sauvages aussi. Habitées par l’ennemi diffus. Et le bourreau qui veille. Creuse les faciès. Au coin des yeux. Le désespoir ne s’altère pas. La posture doit rester altière. Les noms disparaissent. Ébriété pour s’altérer un peu. Les visages disparaissent. Pour maquiller quelques déchéances. Anoblir le tout-venant. Ils se taisent. Disparaissent aussi. Au cœur de ce qu’ils ne disent pas. Et seul le tintement des verres soulevés. La rue menaçante. Une dernière fois. Non pas encore. Le songe qui s’élève une dernière fois. Chute. Pour honorer leur bataille, mille fois recommencée. Le désert des villes porte les fragilités, un sourire ami. Sa chute. L’évanoui avec la rue. Sauvage. Ne se maintient qu’un soupir. […]

[…] Gégènes pour géhenne. Voltige partout la peur, sans voix, le sous-peuple qui se dissipe parmi ses vapeurs. Éviter les bottes. Qui claquent, frappent, porte tremble, le corps, se cache dans le couvre-feu. Fenêtres couvertes, carreaux cassés. Gouvernants gouvernent pour le bien-être gouvernant. Il y a des citoyens, et les sous-citoyens. Illusion d’une parole pour le peuple. Se balance au-dessus du peuple, et tombe couperet. Là-dessus, celui qui ne veut pas être gouverné. Des gens d’en haut qui se prennent pour des gens d’en bas. Les aiment, le disent, les violent, violentent. Les gens d’en bas eurent foi pour l’en haut. En proie. À l’intérieur, tout contre tout. Haïr jusqu’à la crise. La force ne se réinvente qu’au travers de ses ennemis. Ne pas devenir l’ennemi suivant. La voix s’éteint. Ne pas parler, ou ne plus. Laisser hurler. Se remettre de la voix qui hurle. Mais certains s’y risquent, hasardent un bruit, balancent leur voix. La cécité, aucune voix, et nulle voie pour s’évader. Conclusion irrémédiable. Laisser hurler. Interrogatoire pour dents cassées, mâchoires brisées. Ça hurle, même avec moins de dents. À l’ennemi suivant. La peur revient, la voix s’en va. Hématomes jusqu’à l’amygdale. Nerveux système, limbique ne lambine pas. Et les grandes bobines en cage. Des bobines électriques en marche. Elles s’accrochent au génital. Jusqu’aux grandes bobines débobinées. Entre les cachots et les viols, les fils se tissent. La cour intérieure et ses filets pour cajoler les suicidaires qui s’envolent. Parce qu’un condamné meurt seulement quand l’ordre est donné. Pas avant. Auparavant l’endurance de peine. On trie selon les gènes, on ne se gêne pas. On est du côté de l’ordre. Et des gégènes. L’épreuve prochaine. Des barreaux engravent le paysage. Vue sur cour centrale. Ciel bistre, une heure par vingt-quatre. En attendant que la guillotine ronfle. Devoir expier sa voix, toutes les autres à l’extérieur. Compenser les voix du dedans. Qui survivent et qui craignent. Le châtiment pour que la crainte tienne sa place. L’effroi pour écho à l’effroi. Fuir la société. La globale. Mais où fuir puisque la société s’en remet. Se referme. Échapper à la surveillance. Où. Dehors, dedans. Un diktat pareil. La nature inexistante. Marcher au pas. Faire choix de tutoyer les gégènes. Émietter le panoptique entre les synapses. Liberté. Encéphalogramme plat. […]

[…] Flétrissent les révolutions. Derniers sacrements. Zigzaguent sur l’ombre. Des potences, leurs fruits en croix. Service divin, demi. L’hiver qui meurt plus longtemps que les potences. Au bout de la corde, une aigreur vermeille, et la bruine comme décor. Trésors trémulent, s’accumulent. Les soldats se sentent bien, malgré les potences. Ils accrochent aux potences. N’ont pas besoin d’ordres. S’affectionnent d’ombres. Entre les potences. Quelqu’un prie, il ne se sauve pas. Se soumet. Ils l’accrochent quand même. Fioles fêlées, leur poison s’évapore. On dévide les discours. Ça rassemble, de haine. On prie un peu. On s’y sent bien. Comme un soldat. D’autrefois, un idéal fourni avec les potences. On prie. Réel rance de prières, se présente comme d’antan. Des corps expiatoires pour se venger de l’idéal, et le calme. Une offrande d’or. Des suppliciés pour le calme. Et le calme qui revient. L’humeur échappée gronde un peu. La potence se secoue. Ça danse, un corps que l’on pend. Et le calme. Des salutations forcées, l’exploité, hagard, il ne sait pas vraiment, il plante la prochaine potence. Il obéit aux ordres des soldats. Il se recouvre de braises, consomme son expiation. Il s’y accroche seul. La honte, mais pas honte des pendus. Honte d’être un idéal. Ses outils continuent. L’exploité, on le laisse comme les autres. Pendu. On remplace ses bras. Des nouveaux qui n’ont pas honte. Des esclaves libres. Ils continuent de marteler le numéraire. Des lamentations qui sommeillent. L’âpre et l’inerte, en sommeil. Jusqu’au soir, on plante. Des bouts d’épaves pour faire des angles avec la terre. La gouvernance restaurée. Les potences seront psalmodiées. C’est parce que ça psalmodie que ça se soumet à un idéal préfabriqué, fabriqué d’épaves. Qu’il n’y ait que la honte pour somnolence. Contre l’idéal, libre sans liturgie, ça n’existe pas, c’est la matière. Libre. Mais jusqu’au soir, on plante. On obéit. Sans idéal, on fait comme si. […]

[…] Les cigarettes de soldats avant l’exécution. Portrait de la fumée. Derrière, des soldats qui s’ennuient. Ils attendent d’exécuter, ils ne savent pas qui. C’est un travail comme un autre. Le vent se lève, frêle, quelques murmures. Des feuilles noircies, indistinctes du charbon. Cheminées d’usine. Et transpirations d’ouvriers en usine. On fait comme si c’était l’usine. Et les cheminées qui crachent. Carcasses de voitures, elles fument à l’unisson des cheminées. Des corps fumants aussi. Faire ce qu’il faut pour se placer en parallèle des cheminées. Ne pas faire de vagues. Une ville qui brûle ou qui a brûlé. C’est pareil. On fume. Avec des soldats. Partout. Labiles. On tient sa place. […]

[…] Se lève aussi le cercle tacheté d’ordures. La sphère plane, partout, on fume, toute société, l’ordure. Sur la dune s’amoncellent des pensées inachevées. Une sentine des jours anciens. Comme du bleu électrique. Les lueurs de l’écran à l’iris, à l’inverse. L’histoire n’a plus de sens, elle est une sphère plane. En retour d’elle-même, qui construit son cycle. Seule l’absence de sens. Le cycle qui va, sans direction. Ou sans direction qui se sait. L’iris va à son écran. Et l’absence de savoir, on s’en fiche. On se tue à tout le moins. Dans l’iris, l’absence de ce qui se meut. Toute l’absence qui s’enlise dans des pluies acides. Les gouttes remontent jusqu’au nuage qui stagne au-dessus d’une vraisemblance. Les banlieues s’ensablent contre des eaux bouillonnantes. Bientôt les centres. L’océan de toutes lieues. La question du cycle, est-il de l’histoire ou d’une nature construite. Le cycle ne se calque pas sur la physique. Il ne reste encore qu’une butte. L’immondice s’infiltre, exsude ses réverbérations. Et l’histoire avec. Les âges, les ors d’une cité. L’inconsistance et l’opulence. Anthracite du ciel, il dure, s’étend. Rien ne l’arrête. Puisque la physique devient, s’étend. Elle transporte sa rétribution au-dessus de l’urbain, de l’insouciance. De nos raffinements, de nos raffineries. De notre merveilleux égotisme. Merveilleux, nous nous sommes mus, nous nous sommes tus. Nous nous sommes tués. Sans conscience des harmonies primitives, de l’omniprésence. Du devenir. Des cycles qui se construisent, contre lesquels peut se confronter la faucille. La fissure. Contre les colères d’une nature qui ne subvient qu’en culte. Mais bafouer l’évidence, notre nature. Les ferrailles abrasives. S’accumulent jusqu’à la limite. Et puis la ruine, la physique sans l’humain, elle dure, s’étend, subvient sans lui. […]

[…] Dernières clopes. Trinity cigarettes pour aucune quintessence. De la matière qu’un état donne ordre d’exécuter. En doigté et en mesure. Les armes chargées. Des mains fumantes. Quel voile pour quelle vacuité. Quel combat. Pour cette fin. Pour quelle vanité. Cette fin en vaut bien une autre. Quelle conduite sans but. La révolution est une impermanence. Se lissent les rides à l’ombre des murs. Les habitudes aussi. On se redresse. Filtre pourpre, lèvres sans rouge. Cassures des phalanges post-interrogatoires. Des fractures pour porte-mégot. Les métacarpes cabrent les volutes. Que la lutte s’abandonne avant l’exécution. Une dernière clope, et syncope pour poumons. Poussière pourpre en l’incinérateur. En la banlieue de la capitale. Entre fous entre fois. Il a décapité, il a dressé la modernité. Il a la main mise sur la gâchette. L’idiotie, avec des idées. Il faut juste continuer l’ordre. Faire rouler les capitaux. Décapiter encore un peu. Mais la libation pour les idiots et leur liberté sans idées. Que les idiots battent en brèche. Sur les tempes enténébrées d’idées. Les idées dureront après la brèche. Après les insensés sans idées et sans mémoires. La révolution est une impermanence qui marque d’aléas ce qui se contente de durer. Des idiots qui durent. Qui sont utiles, qui ne se situent même pas dans leur instant. Seulement à la planification des profits. De leurs courts termes. Mais la révolution en saccades, sa souvenance d’idées. Les tempes enténébrées qui se souviennent pour que ne s’efface pas la vengeance. Celle du dehors du ressentiment, la rétribution en tant que fureur. Celle qui enflamme l’après-demain, feu des demains, le feu, et la réévaluation. […]

[…] Elle est devenue la guerrière, la destructrice des mondes. Actinifère son pas. Se ponctue d’obscur. Obscur précédé du photon. Obscur d’après la folie. Trinity, la dernière. Des hommes qui observent l’énigme. Et refusent de la rejoindre. Ils cherchent des dieux, l’étincelle. Refusent de s’y brûler. La jettent sur leurs ennemis. Une étincelle qui obscurcit l’incidence. Mais observe sa source. Les hommes aveugles, avec leurs capitaux. Ne pas voir l’obscur qui s’en revient sans frontières. Elle est devenue le néant, l’immensité de la matière. L’immatériel aussi. Les nuées ardentes, les nuées fragmentent le social. Brique après brique. Foyer post-foyer. Et la brûlure éparpille ce qui s’attarde. Des particules retombent. Les particules de ce qui s’est attardé. Elles retombent paisiblement. Avec cette paix à nouveau, possible. Sans les frontières, sans les hommes qui les établissent. Invisibles les particules, pourtant là les particules, dangereuses et cosmiques. Fabuleuses. Une déflagration bâtie par le passé, pour l’incertain, qui invite ce qui s’attarde encore à s’en retourner vers l’obscur. Et après la frappe, une fraction emporte les émissions. Elles reviennent à leur source. Par-ci partout la destruction. Sans tumulte, juste d’atmosphère, se rembrunit, puis la rumeur, la violence, la détresse, l’universalité de la particule. Hydrogène ou cendres. L’indicible propage l’élémentaire. Les vestiges tourbillonnent, les décombres qui voltigent. Entre les silences, personne ne s’émeut. Personne entre les espaces. Un baryon. Qui ne se meuve. Des brins, des os, des hommes. Elle est devenue le souffle, la brillance du progrès. […]

[…] Fukushima, la bien-aimée. Remembrance. Fusion des cœurs. La lumière nous réunit. Parmi les ancêtres, la lumière qui nous sépare. Mais la lumière nous capte, narre la terre qui craque. Et s’échappe déjà des cuves percées notre grouillement. L’outrance. La décomposition, sa recomposition. Composition d’un même esprit, hybride. Seul, réuni, décomposé, recomposé, il ne voit que lui. Sous nos doigts mélangés. Que les peaux s’en aillent. En demeure notre enveloppe. Nous sommes lui, l’individu, un royaume. L’enlacement et le reste. Nos restes, et l’autre, son reste sous les ongles. Fragilités des surfaces, réacteurs, d’un à quatre, à rebours. L’atome, de nous au commun, le commun impossible, sa décomposition, et l’hybride qui sonne en chaque chose. Le règne de l’individu se vaporise en son nuage, un nuage de nos restes. Et dans l’amoncellement, et dans l’hypocrisie, l’unité décomposée, recomposée. La bien-aimée annonce contre la multitude la multitude des échecs. Les corps diffus, la nature, sa diffusion, retournée dans le bâti. Des restes. Une friche mystique après l’humain, les corps répandus, la nature qui s’en remet seule. Elle porte son chaos sans l’humain. Lui qui ignore et le chaos et la nature. L’industrie, sa grandeur, en communion boueuse. Boire la boue jusqu’à la lie. La rive qui s’éloigne, la porte dérobée avec, et la fusion des cœurs qui instille le ravissement pour celui qui branche cosmos à conscience, qui débranche l’idée. La nature n’existe pas. De part en part de l’humain, sans séparation, le cosmos tout entier et sans nature. Et l’hybridité d’humain qui ne l’accepte pas. Qui sombre. L’absence de nature qui l’engloutit. Sur une mer, son écume radioactive où s’éparpillent les débris de l’être. Il a été. […]

[…] La City croît à contresens. Son hiver, nucléaire, tour après tour. La tour est une île. Tour, tourment, et tourments pour toutes fins. Les espaces se creusent. Tourbe pour y patauger. Un fossé dissèque les ponts, nul ne rejoint la main tendue. L’invisible. Bronches tendues vers le déluge. Spongieuses. Ne bronchent pas, brandissent des croyances prêtes à absorber la mer, jusqu’à plus soif. Le progrès au travers des bronches. Et des ondées pour remplir cette même assiette. Qui expose l’époque stérile. Que n’y pousse. La famine plante des poignards, perce, éviscère. Des murmures sonnent dans les abris. Ils disent que la famine est connue. Elle est toujours ce même message. Retirer les lames, les retourner contre liesse, au hasard. Ou faire dire disette, encore, les dires de fatalité. Mais l’époque est stérile d’oreilles. N’entend pas le dehors de sa pensée. S’étouffe d’ego. Un couteau pour partager. Rompre les liens, le pain. Un couteau pour faire époque. Impossible. Ces murmures ne crient pas, ils ne s’élèvent pas contre les déterminismes. Si un bruit se discerne, c’est celui du couteau contre soi, des métropoles pleines de couteaux contre soi, qui émiettent les mémoires, les râpent, et les mémoires s’émietteront, jusqu’à plus soif. La liesse devenue spatialité. Regarde la terre. Elle est la belle la terre, la bleue avec sa pollution, ses bombes, et l’abandon tout entier pour remplir les ventres vides. Les ventres troués ou piteux, constellés. Des stations spatiales, de l’abondance, du privilège pour privilégiés. L’abondance des étoiles pour se repaître. Loin du nucléaire, la liesse. Et la terre, son hiver, sans la City qui flotte parmi l’éther. Les restes pour le fourmillement. Pour la dévoration les uns des autres. Pour les couteaux contre soi. Des esclaves contre des esclaves. C’est la loi, cette main invisible. Elle ne tient pas le couteau. Et les esclaves qui cherchent à remplir des ventres. Pulvérisés. Jusqu’à ce que les ventres soient pulvérisés. Fassent la liesse des autres. […]

[…] Globe avec un z. Ce monde s’ouvre, ne se referme sur aucun autre. Les ondes hertziennes, les aimants qui l’inondent. Des flux migrants, reflux d’anciens. Les plages pleines d’étrangers. Le tourisme avec ses monnaies, ses morales étrangères. En colonies. Crème solaire et canots échoués. Des téléphones cellulaires, des cellules, les mêmes. Mètres carrés carcéraux. Les mêmes avant, après la marée. Le tourisme fait la selfphotographie, son autoportrait cellulaire. Vite, vitement une photographie pour précéder la putréfaction. Les filtres, et les avions en retour. En survol des zones d’ombre. Les colonies ignorées. Indifférence et plateaux-repas, les photographies sur les réseaux, l’actualité dernière, la morale, la pudibonde conduite et l’horreur. Les colonies ignorées avec leurs morts, on se like, on préfère. L’actualité suivante, l’oubli. Des inconnus qui likent la photographie, elle annonce, l’ego suivi par de l’autre. Qu’ego versus K.O. L’ego se satisfait de lui-même. Du tourisme en granularité d’ego. Eux voyagent plastiques au monde. Mais les mondes suivants ne s’annoncent pas sous les plastiques. Le vulgaire sous vide. Valises en soute check, patte blanche check, sécurité check, d’explosif aucun, aucune maladie vénérienne, ego enregistré. Ego trip ergo sum. La morale sauve. Citoyen du monde sans monde. Celui des autres. Sans cosmos. Cosmétiques en zones franches. De City en City. L’ego dans les clous. D’ego des citoyens. Qui décrépissent figés loin de la physique. Ils sont heureux. Le bonheur individuel autour du quartier des affaires, s’affaire la politique pour servir leur bonheur. On se choque, on s’en fiche, on s’affaire. La morale qui place la muselière sur les pauvres. Plus loin, les campagnes, la nature qui donne ses ressources aux affaires. Plus loin, les ressources épuisées. Des fabriques ferment portails. En substitution, des Untermenschen. Se vendent, en pièces détachées. Ici aucune tâche à faire. Que faire. Effacer les taches, les pauvres, liquider leurs fers. Substitution. Plus que la soupe, la plus en plus claire. Autour du quartier des affaires, sous les lampadaires, les lumpenlampadaires, le sommeil de leurs fers. Sous cache, les pauvres captent le câble. L’anesthésie de bonheur individuel. Un rêve d’ailleurs, accessible. Les pauvres eux aussi ont droit à la réussite. Le travail rend libre, leur dit le câble. Libre et touriste, il rend le travail. Il faut juste le vouloir. Il faut le câble. Pas de temps, des profits à faire. Quelques colères ouvrières, ça vote aux extrêmes. La morale qui grogne. C’est honteux les extrêmes. Ils sont pauvres et ils sont vulgaires. Honte à la vulgarité des pauvres. Et le câble qui dit aux pauvres la honte, vous devriez avoir honte de vos colères. De votre vulgarité. De votre pauvreté pleutre. Dont vous ne voulez pas sortir. C’est que le travail rend libre, alors pourquoi ne pas vouloir le travail en plus. La liberté et le tourisme. Les éduqués et leur morale, ils sont outrés, encore, jusqu’au petit-déjeuner, mais au déjeuner, déjà plus, prefer not to. Déjeuner d’affaires. Stock-options sur honte liquidée. Des éduqués. Qui font profit des extrêmes. Parce que la valeur l’exige. La survaleur. Le globe, parcouru. Le prochain vol, parcourir, la prochaine affaire. […]

[…] Naître dans la tombe, s’attarder dans le caniveau. Le moi en gageure. Chancelle avec les proscrits. Trimballe ses rasoirs dans la rainure des drames ordinaires. Corvidé aux alentours de son chant. Soi en corvidé avec les chaînes immenses qui ébarbent les graisses. Quelque peu de maigre en demeure. Chabrot du sang à soi, et gangrène avec son goût raisin. Nécrose, nexum sang. Ensanglante les chemises, ça nécrose les lèvres. Boire et ne pas effacer sa dette, l’être. Jusqu’à l’oubli du moi, et s’exfolier jusqu’à l’arbre qui vibre de sa branche. Elle est solide sa branche. On pourrait y mettre le crochet et les chairs. Leur élégance noirâtre partagée, l’époque incomprise qui épargne, n’épargne pas. Les branches, le bois mort qui ne se glane pas. Aucune retraite pour s’enfouir, et seul, d’un seul mouvement le moi partage l’entre-vie. Entrevoit le bagne. Frémit, face à face de bagne. Ses égouts, les bourgeois changent de côté d’égout. Sont contre le bagne, y placent leurs gens. Translucide le moi accroché à la branche. Qui ne raconte pas. Ne cesse de raconter en silence, renonce au monde. […]

[…] Il s’enfuit sans faire de bruit. Il poursuit, suit. Il est. Qui suit-il. L’ange nouveau traverse les flots. Lui à sa suite. Et les flots de l’histoire qui l’assassine. Avertissement d’incendie, disait-il. En tous les lieux, du port ne reste que la boue. Avertir. En tous les lieux, des armes contre lui, son vol en sens inverse. Avertir. Seul lui. Il est le seul à pouvoir désigner son évasion inverse. Montagnes clandestines. Il suit l’histoire des anonymes. Contrebande des chemins. Choisit l’étui. Pas de fin. Grâce de morphine, grâce à la morphine. Son unique, d’injection. Il essuie comme un regard vers l’arrière. Se souvient du haschich. L’arrière avec l’ange. Il y a le progrès à fuir. Le terme se répète, s’arrête. L’incendie. Retentit et reste en rétention. L’incendie. Se calcine l’avant. Ronge les derniers liens. Ils n’ont pas regardé vers l’arrière. Avec l’ange. Avec lui. Avec ruines, maintenant la suie. Les crépitements. La valise à sa suite. Vers l’arrière le regard qui ne se rive à l’ange. À rien, pour un rien périt. Qu’être parmi la suie. L’éloignement. Ne progressent que les ruines et le progrès. Quelconque progrès et ses vaincus. […]

[…] Jusqu’à quand. Siècle qui oublie les siècles. En chaque expiration s’infiltrent les humains. Au travers des barrières. Des murs et des clôtures. Des frontières pour faire guillotines. Voilà des corps disparus. Comme le bétail. Des barrières, des frontières, des murs et des clôtures érigés par les humains, le bétail. La gloire pour les humains. Pas les autres. L’étranger comme le bétail. D’un continent à l’autre, contrebande, contre le chemin de traverse. Universel, dit-on, un palais. Une justice qui cimente. Pour qu’à nul ne mente. Garde-frontière, garde-chiourme, une justice qui érige les premiers pans. Des ondées qui se tavellent. Des carbures pour surfaces. Des gens qui traversent. Qui flottent avec les carbures. Des devantures identiques. Indistinctes, indistinctement. Bétonnées, barbelées, menaçantes. Toujours des barrières, des frontières, des murs et des clôtures. Devant la porte qui se ferme à l’écoute du vent d’est. Aux quatre coins de la pupille qui s’ensevelit impure sous sa propre humeur. À l’intérieur des humains qui trahissent le bétail. Cultivent leur amour-propre. S’indignent. Aiment leur indignation. Partagent leurs valeurs. La nuit venue, les revendent sur les marchés d’est. Maltôtes partout, matelots à la mer. Ils prennent le bouillon. Fondent. Fiel ne leur répond pas. Prier pour se soumettre aux paroles capitales. C’est la prière qu’il faut déchirer pour déchirer le lien. Puis le billet de banque. La banque ensuite. Mais chacun en chacun, et chacun chez soi. Une rancœur saupoudrée aigre, le péril étranger. La peur extravasée. N’anéantisse les vaniteux. Ils prospèrent parmi la peur. En faveur d’instants. […]

[…] Déchaîne. Chant de coton, champ de la haine. Ceux qui savent ne se démènent pas face à l’outrance. Ils sont bien éduqués et savent détourner le regard avec élégance. Ceux qui savent en profitent. Ils s’empiffrent de fruits étranges. La transmission s’ignore. Elle se transmet avec les chaînes. De l’Inde aux Indes. Du siècle aux siècles. La blancheur dissimule le calcaire. Une souillure des lâches, vite la recouvrir sous l’exploitation. Têtes qui se tournent, paroles empressées. Les coups de fouet se modernisent. Les mis à mort ne gémissent pas leur croyance. Un brasier pour laver. Le chant des chaînes. La transmission se transmet. Elle s’ignore. Pas encore les mis en terre. On les laisse un peu pourrir. Pour faire l’exemple. Avant, la sollicitation. Des tourments pour justice. Se défont et se refont. Déforment, et toujours reforment la cage. L’oppression susurre la transmission. Met à sac. La ouate n’absorbe plus les gorges tranchées. Se retranche la crainte engorgée jusqu’à la rupture. Et le chant se mue en cri. Les humiliés hurlent. Vocalisent les cordes. Avant la pendaison. Le refrain. Peut-être, faut-il pendre. Les pendre tous pour ne plus dépendre des nègres. La langue bilieuse du blanchâtre qui boit piqueton. Sa bévue pour bonheur. Ils vont battre et pendre. Entendre leur bonheur. Des fruits étranges qui se lamentent. Qui se glacent. Se balancent longtemps. Rien ne renverse leur domination blanche. Il faut attendre. Transmettre. Une mémoire qui s’éparpille de patrie en patrie. Des cœurs rances se plantent les uns aux autres. La rancœur ronge les plantations. Des fruits avariés qui sont laissés là. Les fruits bruissent une mémoire marronne. Il faut que ça pourrisse pour que ça fasse leçon. Se souvenir de celui qui a voulu donner cadavre à la maxime. Qui a donné les ordres à la maxime. Comme un trophée. Mais se souvenir en marronnage. Sans avarice transmettre la mémoire. La péremption qui attend. Les fruits pressés. La politique qui tolère. Tant que le commerce est bon. La tolérance couleur chaux. Des fruits pour le capital, du capital pour la besogne. Capital qui trace le triangle. La colère n’est pas aveugle. Elle se transmet. Elle attend et grogne. Vers le bas ne s’occupe pas des mollesses. De l’ignoble. Entretient sa mémoire. Le réveil qui vient, s’en ira le reste. Un flamboiement, et tout flamboiera. Supplice ou supplicié. Un rougeoiement, et tout rougeoiera. […]

[…] Agreste urbain. Août sarcophage ferme son couvercle sur les périphéries. Contours d’un centre, égaré, une voie multiple, la survie s’étale. Insipide, sans saisons. Quinze heures qui n’ensommeillent que des ruelles désertées. L’autoroute qui ronronne. Chômage pour anicroche, la place ne s’emplit que d’une grisaille. Qu’importe l’estival, les jours chômés d’août. L’abattement ne quitte jamais les villages. Les nouveaux problèmes de politiques urbaines. Les villages à raser. Y raser le chômage avec. Les chômeurs. La torpeur se contente de pollution. Colore le céleste de chômage, de chômeurs. Ça n’a pas de couleur. L’estival. Opalescent en amont d’électrodes. Revivre le vert dans le ciel aussi. Des pâturages qui ocrent à perte de vue. Les villages rasés. Du sel d’orage, un goût de décharge. Les affres qui charrient les croyances paysannes. La fange orne d’aujourd’hui les façades. Un désert à raser. L’habitant n’habite qu’une erreur. Peut-être l’erreur. Il ne peut être le terme. Fuir. Ne le peut pas. Ne pas s’offrir la fuite. Il s’offre le désert. Attend. Claquemuré pour éviter la fièvre. Des estivants qui s’offrent l’opalescent. Une place, son désert. Tout est pittoresque. Le délabré pour tourisme. Les eaux azurines qui se noient. Gravure de désert. Et cette quiétude. Les estivants qui ne s’y noient pas. S’enthousiasment et s’enfuient. Et les chômeurs qui s’en moquent. Ruminent leur chômage. Empyrée pour les belles âmes. Pas pour eux. De belles âmes qui se jaugent à l’étoffe. Se courbent en longueur. Le cours des actions loin des villages. Il faudra les raser pour que la courbe des actions bétonne le désert. Soit belle. L’action inactive. L’action qui s’ennuie du village. Se pâme pleine de morgue. Elle calcule la situation. La bonne affaire. Le désert en action. Le chômage sera chassé. Un peu, plus loin, empirera peut-être, crèvera tant pis. L’estival, son estivant bétonnera le désert. Trouvera d’autres villégiatures. Et continuera belle l’action qui emplit les morgues. Et si remue le chômage. S’il s’ébroue, déploie son mauvais goût, l’action ordonnera aux ministères. Et le courroux des ministères. Frappe juste. Eux aussi les ministères. Leurs parasites accompagnent la courbe, les courbures financières. Aucune issue. La cigüe pour accompagner la garbure. Et puis attendre son action sur la place du village. En attendant la courbe et la cigüe. Se satisfaire du désert. La nature bétonnée. Attendre, aucune autre issue. Et le cantonnier balaiera et l’été et le chômage. La sous-traitance évacuera le village sous son béton. […]

[…] Paysan, et paisible avec sa bonté qui tient bon. Plus solide que le vieux chêne. Plus seul. Avec lui, à prendre tout est bon, et l’époque prend. Elle ne lui rend pas sa pièce. Profite de la paysannerie discrète. Les rides ne répondent qu’aux collines. Loin des précipices. Leurs stridences de béton. La complainte ne s’élève pas plus haut que le roulement du labour. Ses aïeux qui roulent, qui labourent. Ensemble, fantômes de paysans, paysans pas encore fantômes. Portent le fardeau. Concis, précis. La paix, et paissent les vaches. Les prairies regorgent de rêves. Le regard humide des bovins. Il parle d’abattement, de ressemblance. La paix des hommes et des bêtes. L’orge croît, l’or des humbles. Et les vermeils qui peignent l’isolement comme une offrande. Mais la civilisation rattrape les taiseux. Les paisibles à la paix arrachés. Le prix du blé, son cours avec ses stridences semblables aux stridences de béton. Un règne de civilisation qui marque au fer, qui marque d’hypothèques les collines et les prairies. L’orge et les vermeils. Et les bourses et les gouvernements qui s’en approprient la propriété. Qui prêtent aux paysans, les poursuivent, les épuisent. La civilisation qui fauche. Nul ne fauche plus l’orge et les vermeils. Seule l’âme paysanne, et sa tête qui roule fatiguée. La civilisation repousse les moissons manquées. Le labeur avant la jachère. Coquelicots ensanglantés. De petits récits dévorés par la grande finance. De leur pain, de leur sang, de leur deuil. De leur silence. Le soir siffle au cœur de la terre. Rien pour ensevelir cette tête qui a roulé. Un mort ne peut pas rendre sa dignité à un autre mort. Les vivants mangent, passent leur chemin. Ils s’affairent, d’autres champs à revendre. Debout, à l’aube, le fantôme avec ses aïeux, ses retrouvés, avec ses mains agraires. Ne sèmera pas. La bravoure fut, se fana. Et le désert des campagnes. Loin des capitales, des capitaux qui les émacient avec la machinerie. Sans paysannerie. Et les bleus aux gelures des fantômes et le souvenir des vermeils, de l’épandage, fumure qui fume pour relique, cheptel vif, mort, une varenne qui borne son canevas. […]

[…] Chair en terre. Avec les mains sales des terres arables. Des spasmes parcourent une hystérie des terres arables. Dans le chômage des campagnes. Et les pesticides pour s’abreuver. Les joies pastorales dans l’écho citadin. Et le pastoral et les vacances des citadins et le ventre des citadins et le paysan suicidé après la faillite. Ses bêtes tuées d’abord. Les citadins se déchirent. Où partir en vacances. Pas vers cette campagne abîmée. Les bêtes sont tuées. En d’autres cités des premiers crimes. Celles des fascismes et des artistes méconnus. Le dérangement de tout un peuple qui se dérange la saison venue. Tout un peuple pour un même individu. Il a l’angoisse de ne pas trouver sa destination. Il consomme. Ne se rend pas sur le champ où on a semé le paysan et ses bêtes. Tout est bon pour le fumier. Division de famine en tiers de pain, paysan. Ceux qui survivent la bouclent. Chair en terre et chair entre les molaires, citadines. Ils ne font pas la différence. Entre des mâchoires abjectes. Si doctes. Des mensonges et des bienveillances pour végétariens, citadins. Ils ne s’occupent pas de la provenance du fumier. Peut-être aurait-il dû retourner son fusil contre le mensonge. Sa gueule de bête en éclaboussures sur les murs du ministère. Mais il n’y a pas de vérité. Chacun s’arrange avec sa morale. Et avec sa morale arrangée, chacun agresse chacun. La morale arrangée à soi doit triompher des toutes les autres morales. Mais le fusil, ça n’aurait rien changé. Ça aurait arrangé un autre fumier tout au plus. Tout au moins les citadins auraient entendu la détonation du suicidé qui se suicide devant le ministère de l’agriculture. Le spectacle du soir devant les plateaux-repas en aurait parlé. Puis l’aurait oublié. Balayé. Et de l’écarlate les rigoles pleines. Les égouts, loin du fumier et des terres arables. Des campagnes et des fusils contre les bouches d’autres suicidés. La frappe étouffée contre leur indifférence. La bouche d’égout, mais l’indifférence d’airain pour consommation qui s’enserre d’oubli. Dénonce la grossièreté des terres arables. Qu’ils s’évertuent les suicidés. Qu’ils les nourrissent les suicidés. Qu’ils se terrent les suicidés. De mauvaises manières. Le tragique ne fait pas de bruit. Une détonation tout au plus. Tout au moins les récriminations d’un estomac citadin qui travaille aussi, qui n’a que faire des gens qui ne se plaignent pas, des gens qui se plaignent aussi, qui n’a que faire de ce qui est étranger à ses plaintes à lui. L’épuisement ennuyeux des terres arables. Tout ennuie l’estomac citadin. La faillite, le suicide aussi. Quel était le nom du paysan suicidé. Les citadins ont faim, plateaux-repas, pâté paysan, journal du soir, poularde demi-deuil, sa recette télévisuelle. […]

[…] Demi-deuil. Purée de tuberculeux, sauce deuil. D’est sans yeux. Des maladies oubliées et les mirages des camps qui longent le canal d’est. Ne plus subodorer le levant de l’autre côté de la rive. De campagne en camps. Il y avait le boréal. Périphérique nord. Taire deçà la terre, des tunnels pour vrombir. Le périphérique comme le canal d’est. Et les maladies oubliées qui puisent des syncopes dans les poitrines. Fatiguées. Creusent. Des automobiles, les mêmes s’enroulent. Périphérique. Crache carbone, ignore les toux qui avaient quitté les mémoires. Fresque des mémoires sur bitume. En rien le deçà de voiture pour s’échapper. Se fossiliser d’est sous les voitures. On ne s’en échappe pas, périphérique nord. Malgré les voyages. Deçà la terre avec le boréal qui pétrifie le canal d’est. Le monde se découpe en tiers, en quart. Des crachats qui étoilent le goudron. Intoxiquent. Non pas les roues qui roulent et enfoncent les carcasses. L’est autointoxiqué d’est. Détergent pour laver la ville. La rouille. Non pas le détergent pour laver les seringues. Crotte l’entre-les-rues l’absence de détergent. Rouille. Croche rictus, le sardonique. Drôle d’aumône d’est tendue au-dessus du canal, d’aumône vraie, seringues tendues. Infection des mémoires, ça rouille au-dedans. Sinueuses les ordures, de métalliques abats et la ville des bidons. Les poumons râlent. Carrosse cabré contre ce qui crache sa morve ensanglantée au pied des roues. Face à face. Carcasses à la chevrotine orientale. Orient de l’orient ne répond pas à l’absence. L’orient ignore son est. La ville est une identité qui chasse. Le périphérique pour refuge. L’autre toise l’un. Les armes s’aiguiseraient. Mais il faut panser les poumons. Penser à souffrir pour payer la panacée. Jusqu’à la fin des temps. Avec des seringues sales. Quand l’un dira à l’autre que le temps est venu à sa fin. Le plantera. D’un côté ou de l’autre du périphérique. Avec des épines. Des épiques, des mythes que la ville ignore. Reviennent avec des douleurs anciennes pour les bidons. Des infections qui rongent les fauchés, la vie périphérique. D’un côté ou de l’autre les mémoires absentes. Le labeur des poitrines. L’un ou l’autre. Les mythes. Circuler en traversée des similitudes. Périphérique, seringues et potences. […]

[…] Des provinces, loin des seringues, nourrissent des capitales. Sourire en lune. L’échine courbe. Les prunelles en étoiles. Qui burinent l’humble de sagesses laborieuses. Ardente Ardenne. La plaine regarde la vie simple. Les sagesses laborieuses savent qu’il ne faut pas plonger son regard dans la vie au risque de s’y perdre. L’étau ne s’étiole pas. Le geste se répète. La cloche sonne. L’échine se rejette. Un instinct sans maître. Le savoir-faire qui détache du commandement. Mais l’ouvrage à renouveler. Et le renouvellement paisible. Même si l’incompréhension susurre de plonger son regard dans la vie. Des forêts de métal. La campagne ardennaise sans fin. En partir. Les feuilles ne tombent pas sur le sommeil. Les aiguilles s’amoncellent. Loin des seringues. La trêve épingle des soupirs. Les qu’en-dira-t-on venus des ministères. Revente aux soupirs. Comme les bêtes qui jonchent la contrée. Ordonnance à l’ennui, à l’ouvrage qui ne doit plus s’en revenir. L’ouvrage qui a bien fait de partir. L’humble qui le salue. Se renouveler, chasser l’absurde. L’humilité derrière les machines. L’humilité éteinte. Les églises et les centrales fermées. Ni vin de messe ni vin de table. La flèche perdue. Aucune bourrasque sur la campagne. Les agitations au ministère. Sa capitale d’économie. Se crever à la tâche, tout court. Ne demander que ça. Les outils à la main, aussi humbles que ceux qui maintiennent leur savoir. La crise brise les outils. Leur savoir. Elle empêche de faire contre salaire. S’abreuve aux veines ouvrières. L’humble n’adresse pas la bravade. Les médias le moquent. Le musellent. Il rentre. Humble avec cette terre ardennaise sous les ongles. Une terre qu’il porte comme une cicatrice. Ça n’intéresse personne l’archéologie d’une cicatrice. Ne pas pouvoir saboter sa machine. Le système la réparera. Mais surtout l’amour de la machine. Ne pas se l’avouer. Mais l’amour d’une machine avec laquelle on fabrique un peu plus que soi. Usine un peu de soi. Un objet bien fait. Saborder sa vie puisqu’on ne peut pas saboter la machine. Seringue serait utile. Le système s’occupera des résidus. Linceul à la revente. Quelques pièces valent mieux que rien. Le système tire profit d’un rien. Les discours n’abordent pas les résidus d’homme. Ils parlent de croissance. Vénèrent d’autres mondes. L’humble n’était pas revêche. Des discours bien dits, creux, et la même vulgate sur toutes les fréquences. La même moquerie de l’humble avec son échine courbe, en résidus de lui-même. Sans échappatoires pour le dernier homme. Que faire. S’il n’existe que le mensonge. S’il n’existe aucune vérité derrière. Puisqu’une seringue vaut bien un long discours. […]

[…] Être aux abois, une caisse pour s’endormir. Quelques cartons. L’essence. Sans échéances, avec la rue. Tarder un peu. Une cigarette, se planquer dans la fumée. Patauger dans la rancune. Rancune d’autrui, loin de lui. La pomme de terre terreuse sous la peau. L’appétit effrite les entrailles. Ne pas renoncer, mais pour qui. Les élections. Les gens de bien. Les gens d’intelligence qui parlent. Ils promettent. On vote, on rote sa bile, on la ravale. Ça nourrira peut-être. Rien perdre, rien à perdre. Voter peut-être. Voler, remplir les tuyaux comme on peut, avant les boyaux à l’air. Ralentir le pas. Les rats plongeront leurs courses dans l’intérieur des choses. Chaque ville a ses guerres. Se contente à présent de ses élus. Des cibles alignées. Un mur qui a connu l’extinction. Des cartons contre le mur pour y somnoler. Les craintes passent au crible les originaux. L’espace d’un battement, et s’abattent les médias. Ils font les élus. S’empilent les bonnes consciences. Les capitaux. Ignorent les terrains vagues. Ce qui les remplit. Creux dans les tripes. Dans la terre. Acharnés contre la fringale. Finissent fringues en tas, émaciés avant le tertre. Ils tirent ce qu’ils peuvent. Attendent qu’on leur tire dessus. Ne font pas le tri. Un territoire retourné, sillons devant cartons. Cartons ou pierres tombales. Humus, humérus, tumulus. Les autorités et les médias renfrognés. Les capitaux doivent réagir. Des impacts et la paix. Claquedents, claquefaims, claque la famine. Nourrie de balles. Mais les balles sont le caoutchouc. Qu’ils s’en nourrissent. La détresse qui chavire. Tout chavire sous cartons. […]

[…] Tendre sa main. À l’écoute. Paume vers l’en haut. Il fait mine. De la pluie. Des centimes. S’approcher. Les formes défusionnent. N’exhaussent pas. Le pouilleux dépouillé. Sans l’en haut. Une société qui feint d’être bipolaire. Repousse le social. Des pôles qui se mettent en contradiction. Ils font leurre. Repousse l’assistance sociale. La fragilité pas assez déférente. Suppression de l’assistance sociale. Les assistés, des voleurs. L’en haut le dit. Le dire bien haut dans les médias, et les médias diffusent l’information. Traverser les regards de travers. Et attendre la fin des temps. Être au cœur de la foule qui grogne, grince avec ses dents. La foule a entendu l’information. La main tendue est la main voleuse. Nettoyage par le vide. La citoyenneté se gagne comme on gagne sa vie. En évitant de crever trop tôt. Ne porter attention au désordre que pour le détruire. L’indifférence proscrit l’indigence. L’indifférence ou la haine. L’indifférence avec ses facilités. Au coin des ruelles. Toujours éclairées. On ne remarque pas. Gisants jusqu’à l’ébouage. Tri sélectif pour mains tendues, greenwash. Où mettre le mendiant. La modernité labyrinthique. Sous l’halogène, se nimber de son intestin. Ou défiler l’intestin. Comme à la parade militaire. Les intestins des mains tendues se portent comme les écharpes. Nouées autour du cou. Du fil d’Ariane biodégradable. De la ficelle et ne pas filer la pièce. Une corde au besoin. Son flegme est encore chaud. Le moquer puisque la nécessité impose de se protéger. Donner la ficelle avec des gants. Contre les intestins et les mains tendues. Des ficelles et des gants. Une nouvelle toilette en solde. Attention. Malpropre qui va tout salir. Risque de briser la générosité miroir. Il manque d’urbanité avec sa main tendue. Des patriciens bien poudrés grondent que c’est un scandale. L’écho dans les journaux. C’est un scandale. De l’indifférence on revient à la haine. On l’objective. Du vote, les résultats. On vote pour le patriarcat. Il pourra répondre avec plus de fermeté à la vulgarité. La crasseuse plèbe qui corrode toute bienséance. La plèbe en tant que maladie qui est à l’os. S’en débarrasser, s’en amuser, mais s’en amuser un temps. S’en débarrasser surtout. Parce que la charité étouffe au bout du temps. Sa fin qui ne vient pas. Il faudra aller jusqu’à l’amputation. Attendre la décomposition finie. La dispersion. Le meurt-la-faim loin. Et les gens de bien sans barbarie. Ils feront cité contre les cités. La spectaculaire société, spectaculaire spectacle. Et exécution publique. Le hasard de l’exécution pour divertir. L’humiliation pour les restants. Comme la leçon. Jusqu’à l’ennui. Puis un autre spectacle. En supplément. Les supplices avant l’inanition. Pour l’amusement. La beauté du geste. Des accusations sur place publique. Pas le droit à la défense. Spectaculaire spectacle et procès pour pouilleux. Les médias diffusent. Il fallait jouer le jeu. Avoir un peu d’éducation. Risquer sa vie, la gagner. Maintenant la jouer. Amuser les classes de l’en haut. Loué soit l’ordre. Feu. […]

[…] Prophylaxie pour beaux quartiers. Ordures balayées. Repousser les évidences. Zone après zone, les balayures sur cité repoussées. Vers les cités. Vers la banlieue, la boue repoussée. Les banlieues bouillonnent avec leurs toilettes. L’empierré reste brave dans son bloc. Sa tour qui récolte la hauteur sociale. Mépris et prix en hausse. Avec l’accent, gentrification. Le mot porte son mal. La conduite de l’immeuble vétuste titube dans ses hauteurs. Purger la conduite et crucifier la bienséance au lumpenlampadaire. Nonchaloir étripe, l’abjection répandue. Des trottoirs polis. La ville policée. Ceux qui peuvent se permettre de nourrir un chien s’y promènent insouciants. Récidiver, désordre récidive, motus. L’urbanité dicte aux passants la direction du dégoût. Gens contre gentrification. Le dégoût pour eux. Qui promènent leurs chiens et leurs seringues sur les beaux trottoirs. Les gens de la gentrification éprouvent le dégoût. Ils vendent les seringues. Des cordialités émétiques pour les éméchés. Les chiens reproduisent. Balaient l’ombre du pilori. Époussettent les frustes et les infrastructures. Travaillent. Ou crèvent. Gentrification, à l’aise. Ils pérorent. Trottoirs, trottoirs, et trottoirs ou caniveaux. La merde colore leurs mirages. Les beaux quartiers ne se purgent pas. Vont aux courses hippiques. Le cheval battu. Abattu. À la folie. Libérez les chevaux. Attention à la fosse. Elle n’épargne pas la pureté. La purée des beaux quartiers. Tout engloutit tout. Menace partout. Récure jusqu’à la flaque. La patine sur poubelle, ça doit reluire. Poubelle pour quiconque n’épanche pas ses drames. Vite vidange par moins que rien. Et vite barrés vers banlieue. Les myriades d’intestins, pieds dans le bourbier. Mais les beaux quartiers avec la patine et les poubelles. En contraste. Splendide sentine, sempiternel l’exploit. Superstructures super. Ça serine l’hygiène. Par les gens qui ne nettoient pas. Sans nom. Par les gens qui nettoient. Et qui file et qui ferme leur banlieue. […]

[…] Il ne parle plus. N’a plus personne à qui parler. Même les morts ne lui répondent plus. Il y a encore des voix. Mais les voix se mélangent, il ne les reconnaît pas. Au-dedans de lui. Sa mémoire oscille. Déambule. Survivant. La ville, la solitude l’ignore. Il ignore en retour. Déambule quand même. Dans la ville vide. Avec des voix. Fier, tout son honneur rassemblé. Un costume de naphtaline, coquetterie poudrée, les âges fatigués. Une canne, dernière compagnie, la promenade journalière. Avant le cimetière, peut-être des camarades là-bas. Ils parleront un peu. Pas beaucoup. Ils se lamenteront un peu. Pas beaucoup. Regretteront leurs regrets. Ne pas avoir fait, ne pas avoir pu, ne pas avoir, et l’agio médiocre. Et ils rentreront rapidement, et ils attendront patiemment. Les uns à côté des autres. Bien alignés comme dans la vie. Ou alors. Mais personne. Une personne, non, personne. Aucune ne lui parle. Personne qui prêtera attention à sa mémoire. Qui se promènera dans son cimetière. Ossuaire avec des platanes comme des moignons, peu de fleurs. Rien pour plaindre auprès des écorces tombées. Personne qui essaiera de déchiffrer la stèle. Où s’inscrit dans la pierre une tentative de dire. De ne pas complètement se dissoudre dans la terre. Sourdre en pierre. De pierre en espérance. Laisser une trace malgré la terre. Trace de vie dont personne, non, personne ne dira rien. Aucune qui ne veut vraiment se souvenir. Juste quelque temps. Toute personne va à sa vie. Observe son reflet. Le social en réseau pour observer son reflet. La tentative du vieux, et puis tant pis. Juste le temps d’attendre, attendre que la pierre soit remplacée. Le cercueil aussi. Tentative le temps d’une concession. Où personne ne sera venu le visiter. Une personne aurait pu, mais personne. Dessous de la terre, dehors du reflet. Il se dit qu’il n’en a que faire. Il se le dit. Passe à autre chose. Et personne ne viendra le voir allongé auprès de l’amour, auprès de la mort. Mais il sera auprès de l’amour, il se le dit. Quelque temps. Et puis tant pis. Mais au fond il n’en aura que faire au fond de sa terre. N’aura à faire si ce n’est attendre. Pas seul dans l’attente. Elle sera là. L’amour. Il sait que personne ne viendra. Une mort comme des retrouvailles. L’aimée. La retrouver le temps d’une concession. Qui n’appelle aucune plainte. Le temps d’attendre à deux. Une discrète gaieté qui s’esquisse. Mais avant, il faut attendre. Dans un appartement trop grand. Trop muet pour un homme qui attend seul. Parce qu’il faut encore attendre, survivre un peu. Il reste la routine pour attendre que l’horloge s’accélère. Une routine le long des routes. Promenade et collation. Il chuchote à ses souvenirs. Ne comprend pas. Il sourit, nul ne le voit, mais à l’intérieur, les fantômes lui rendent son sourire. Il ne les voit pas. Mais sourit. Déambule, tout l’ignore. Déambule quand même. Il continue à déambuler à la rencontre de n’importe quoi. Des bancs recueillent sa lassitude. Une lézarde cisaille. Le sentier vieillit. Tout semble se flétrir plus vite que lui. Retour au foyer, aucune lumière ne s’allume. L’absence reste éteinte. Il ne hurle pas. Des voisins qui ignorent le désespoir. L’indifférence qui règne sur l’époque. Le vieil homme d’à côté, toujours élégant, toujours courtois. On l’apprécie, à distance. Pourquoi lui parler. Le désespoir qui l’ignore à son tour. Alors lui aussi, il commence à ignorer. Commence par lui. Vient après sa routine. Il ignore. N’arrose plus les dimanches de prières. Les géraniums sont fanés. La nourriture est toute faite aujourd’hui. Un four à micro-ondes pour nourriture toute faite. Les géraniums, à présent, à leur tour. Ne lui répondent pas. La télévision allumée. Ne commande pas à l’ignorance. Volontaire. Mais quoi. Que faire, d’autre. Sur une chaise, toujours élégant, toujours courtois. Mémoire, en rognures. Que faire, d’autre. Si ce n’est peut-être. […]

[…] Une femme sans âge. Quarante-neuf. Elle a quarante-neuf ans. Subit la routine. La routine des marchés financiers. Les marchés de son mari. La routine de son mariage qui se subit et le mariage subi qui fait sa soumission. Un foyer pour soumission. Le bonheur financier, là. Pour le reste, cela ne la regarde pas. Elle regarde le foyer. Les jours, voile de banalité. Vingt. Elle a vingt ans. Aime pour la première fois. Elle aime l’amour qui l’aime en retour. Tourne le nouveau autour de l’agréable et en retour. L’insouciance ne se préoccupe pas des lendemains. De l’emploi. Elle ne pense pas vraiment à ses études. Elle pense à l’amour qui pense à elle en retour. Elle ne travaillera peut-être plus puisqu’elle aimera. Elle s’en accommode. Soixante-sept. Elle a soixante-sept ans. Ne doit pas se retirer du travail. Comme d’autres. Parce que la femme mariée est au foyer. Sans lieu de retraite. Le foyer à entretenir sans retraite. Ses mains qualifiées, trop vieilles. Recherche d’échappée. Le travail ne l’abandonne pas. Un foyer avec la peur de ne pas savoir quoi faire avec son temps. Treize. Elle a treize ans. A un univers d’amies bien qu’elle n’en ait pas. Pas beaucoup. Elle possède son imaginaire qui n’est pas encore strié par l’imaginaire d’amies. Elle imagine sans ordre et sans limites un imaginaire en images d’irréel. Cent. Elle a cent ans. A retrouvé ses images d’irréel. Elle ne laboure plus le foyer. Et son sourire qui revient, celui que lui offraient les images d’irréel. Le mois de mai, de froid. À l’inverse du dedans des images. Il fait chaud dans l’hiver, même au mois de mai. Trois. Elle a trois ans. Est la même qu’à cent ans. Le monde est un songe sans âge qu’elle peuple d’irréel. Le merveilleux à sa guise. Elle ne connaît ni les guerres ni le déchirement. Ni le foyer. En ce lieu de l’innommable, elle nomme et renomme à sa guise. Sans âge. Elle est une existence qui nomme le monde. Elle porte le nom qu’elle se murmure. En change souvent. Elle a tous les âges et tous les noms. […]

[…] Pourquoi sont-ils venus chez elle. Maintenant. Perdue d’humanité. En dérive. La lutte pour image irréductible. Et les stigmates. La fatalité. Sans aucune parcelle de ce qu’il nomme. Avec ordre nomme l’humanité. Ils l’ont jetée avec les irréductibles. Réduite à la fatalité. Violence que dicte fatalité. La fatalité infecte. Elle montre la physionomie. Indique les traîtres. N’indique pas le nom de ses camarades. Réduire l’infect à leur physionomie. Des coups, des vérités. N’indique pas. Détachée de sa condition. Seule elle est déjà une meute. Elle grogne contre la horde. N’indique pas. Le glas du côté des irréductibles. Comment la réduire. Elle est la somme de leurs combats. Sa rage pour sang. Elle attend. N’indique pas. Seule contre coups. Pour meute. L’idée n’a pas de tête à couper. Qu’ils approchent. Leurs sabres sont des miroirs. Se miroitent des demi-rois. Poudroie la poudre. La mort déjà, précède la bataille. La suite n’est plus qu’à l’attente. L’esclave fait bruire ses chaînes pour se souvenir. Se souvient. En meute. Grogne. N’indique pas. Le souvenir est carmin. Bataille. Seule. Qu’elle éclate. Ses chaînes perdues. Sont-ils prêts à en prendre le risque. Une esclave prête à se débattre. Qui se déchaîne contre tous. Les émascule. Face à leur justice. Elle la traque. Traque l’absence de vérité. Tue les dieux, implore la déesse. Ne parle pas de la réalité des irréductibles. N’indique pas. Combat. Contre la justice. Leur justice qui condamne. Prescrit. Soumet, avec trois pieux. Son souffle est condamné, à mort. Un jour ou l’autre. L’expirer féroce contre l’heure. Qui sera le meurtrier de qui. Quelle justice frappera la première. Némésis en triomphe. Ses chaînes bruissent. Rappellent les furies. Rougeoient. Elles approchent. Le soir est beau. […]

[…] Rien ne fait rien à l’affaire. On meurt souvent. On ne s’en rend pas vraiment compte. La vie sonne. S’évanouit. Sans qu’on s’en rende vraiment compte. On croit revoir la saison. Pourtant elle nous a déjà quittés. Déjà morte-saison. La vie morte. Sans qu’on s’en rende vraiment compte. A-t-on existé avant la morte-saison. Pourtant l’ouvrage a été remis sur le métier. Un ouvrage bien fait, l’usinage juste. On attendait juste la retraite. La raison se sépare de la raison avant le départ. La morte-saison pour soi, avant maison de retraite. On suit les creux, le faciès crispé. On croit retrouver la trace. La société n’aura pas à payer pour la retraite. L’utilitarisme réjoui. Ils vendront la maison. La retraite. Mais avant on converse avec soi ce qui est déjà échappé. Avec la morte-saison. On s’efface vaincu par soi. Et la morte-saison. Les aspérités ont disparu. L’objet usiné. Les objets usinés à la chaîne. Bien fait. Ils ne gardent aucune signature. Les surfaces n’ont plus de sens. On attend que le sens refasse surface après la morte-saison. On prie un peu. Parce que c’est la culture qui le dit. On n’y croit pas vraiment, mais on prie un peu. Comme on met le trèfle plus que l’oseille parmi les feuilles. Ça pourrait toujours marcher. Les aspérités ont disparu. Le sens n’a plus aucune surface. Le rien est un vide plein. On ne sait pas ce qu’il est, alors on prie un peu. Sans y croire. Car le vide est un effroi. Ne sachant ce qu’il est. On lui préfère encore la corde et le tabouret. Et le plein est peut-être un vide pour rien. La vie avec. On ne se l’explique pas. La vie, un fil qui ne cesse de se croiser. De s’entrecroiser. Et finit par couper d’autres fils. Des fils tranchants. Chaque intersection indique un sens inverse. Chaque coupure. La petite histoire qui ne se raconte pas. Se transmet par bribes les larmes aux yeux. Avec l’ivresse, le verbe simple. À la fin. La nostalgie simple qui écorche. On ne reconnaît ni le sens ni le fil qui suit son cours. Il y a juste l’intersection et la nostalgie. La coupure. On meurt souvent. Rien n’y peut rien. On doit attendre de refaire surface. De reconnaître le sens. On reconnaît parfois le sens. Mais on meurt souvent. Pour rien. […]

[…] Perdu de dettes. La pénombre n’est pas dans les ampoules éteintes. Elle est dans le jour des désœuvrés. Mère célibataire, salaire amer en souvenir. Aujourd’hui l’indemnité en survie. Avortement non remboursé. On n’avorte pas. On ne dispose pas. Son corps pour les bouchers. Avant, il fallait faire avec des aiguilles. On savait faire. Aujourd’hui on ne dispose pas. Une société en castes qui vomit sa virilité. Et la caste qui surplombe les autres castes. S’enrichit, s’agrandit. Moque. Heureuse. Accessible. Il faut travailler pour ça. Ne pas se contenter de l’indemnité en survie. Excuses pour exclure. Bienheureux les bien nés à leur bonheur. Et les bienheureuses se contentent d’aiguilles. Le progrès bénéficie toujours aux bienheureux qui le gouvernent. Une révolution des inégalités. On revient au même. On change le vernis. Des plus riches encore plus riches. Des plus piètres qui font pareil. Le mauvais sens des révolutions. La télévision du soir, le spectacle pour anesthésier le laminage des différences. Caste ou classe supérieure. Heureuse. L’air frais des hauteurs. Elle se délocalise. Les sports d’hiver, l’eau cristalline des étés. S’en donne à cœur joie. Cœur sur main, elle donne. C’est le capitalisme qui a sorti le plus de gens de la misère. C’est la vérité vraie. Le capitalisme est un humanisme. Ils en parlent en conférences pour bienheureux. S’en gaussent et courbes montantes. Opération humanitaire pour purger la bonne conscience. De l’autre main, elle reprend, le double. L’opération humanitaire, belle comme une opération financière. Et l’opération du cœur. Quand leur cœur ne va pas, les bienheureux se délocalisent encore. Là où les opérations sont les meilleures. Une santé sans frontière. Et quand le cœur d’en bas ne va pas. Une santé frontière. Qu’il rende l’âme, et qu’il rende l’argent. Qu’il ne dérange pas la convalescence des cœurs d’en haut. Des cœurs d’en haut, leurs valeurs plus hautes. Des cœurs d’en bas, leurs valeurs en gage. Ils n’arrivent pas à s’en dégager, vie durant. Même avec l’indemnité en survie. Ne s’acquittent. Qu’en laissant leur cœur qui remue. S’acquittent peut-être. La chirurgie se paie comptant. Lumpencœur pour capital reviviscent. Cœur d’en haut mort, cœur d’en bas à vif. Corps d’en bas mort, corps d’en haut à la vie. Transfert palpitant. Chirurgie payée. Un battement est un battement. Mais une dette est une dette. […]

[…] Garrot de cuivre. Du silicium en perfusion. Et les cauchemars extatiques. Le regard devient binaire, les basses fracassent les lendemains. Lendemains de l’esclavage. Les demandes d’emploi pour boucher les chiottes. Allocs qui puent la bière. Petits matins du gerbillon. Ça sent le rance. Et les lasers scintillent en place de carrefour. Une dose pour que la nuit avant la nuit s’étire. Les basses et les lasers. La dose sur nuit. Un quotidien de l’étrange et l’antimite des assassins. Les vertueux, eux, ils attendent. Ils n’ont pas de chiottes à boucher. Le marteau, son rythme électronique sous crâne. Cran d’arrêt racle. La dose qui fait son taf. Pour que les platines grincent. Et suintent tout autour de la viande. Piétinent des squelettes juste à côté, la dose ne les voit pas, elle fait monde. Monde ou marécage. Elle clôt l’extase. Que les huissiers contrôlent. Ils finiront par avaler, non, ni la dose ni l’extase, ils n’avaleront que sur ordre l’eau des chiottes. Mais ils l’avaleront. Indigeste. Contre l’indigestion qui chôme. Gas-oil cubital, secousses pour chômage, sa gloriole, contre les huissiers. Et la brûlure à l’estomac, les créanciers repus. La dose qui fait sa nuit. […]

[…] La belle génération. Les réseaux. La sociale. Démocratique. Belle et résistante pour soi. Une image pour miroir. Résistante à elle-même. Rien ne l’éprouve. Agrégat d’esseulés, d’individus. Seul l’individu, il combat toujours. Contre d’autres individus. Son réseau à la main. Ne s’assemble pas la fraternité. Les blocs se sont effondrés. Invisible le marché, la main. Plus rien à vaincre. L’immatériel qui enserre. Engrenages interchangeables. Son moi virtuel s’éteint. Plus de batterie, et la mort. Alors on se recharge. La belle cité. Le moi espère sa pérennité de connexion. Attendre la prochaine notification. Une fadeur pastel. La raison ne s’expose plus. L’émotion reine. Et la haine. Son divertissement roi. Un cirque circonstanciel. Circonscrit à ceux qui ont la monnaie pour se connecter. Il doit être frénétique le kaléidoscope. Se distraire, s’émerveiller, s’épouvanter, oublier. Recommencer. Et haïr. Toujours centré sur le pronominal. Moi, sans suite. Avec la horde qui me flatte. Sans l’autre. Désopilant ou désolant. Immortaliser l’instant. Oublier. Y revenir. Et haïr. Il y a la photographie avant le mot. Il y a la faute avant l’identité. Et de l’identité, il ne reste que le national, le spectacle. Et la haine. Haïr pour exclure de son moi. Il y a le partage de l’immatériel. Et l’absence de partage du matériel. Jamais s’occuper de l’inconfort. De l’altérité. Du pronominal pluriel. Ce n’est pas à la mode si ça ne parle pas du moi. Si ça ne flatte pas sa vertu. Et toujours oublier. Les clichés brûlés, d’autrefois, les brûler, à nouveau. Le droit à l’oubli. Pouvoir recommencer, chasser l’ennui. Haïr. Dangereuse menace d’une raison consciente. Qui pourrait pousser le moi à se détruire. Tout est possible sans la misère. Il faut donc haïr la misère. Les miséreux. En marche sur eux. Narines blanchies, les réseaux entretenus. Chaussures lustrées. De l’alcaloïde tropanique ou de l’oxyde de calcium. Placer les miséreux sur les rails pour se venger. Se divertir. Couperosé de rouge et de bave. Un peu de réseau avant une dernière overdose. Se relever. La suivante, et les bien nés, avec leurs réseaux, se relèvent des overdoses. Ils vont en cure. En aucun lieu l’épilogue. Mais l’overdose miséreuse, avec les chiens. Faut-il s’alarmer du virus. Qui formatera les bases commerciales des réseaux. Ce qui ne doit pas avoir de centre est à détruire. La haine et la destruction pour ce qui souhaite se décentrer. Et règnent les réseaux. Leurs centres commerciaux. Le spectacle, spectaculaire. La haine. Centralisation de l’identité. Vers le pacifique. La revente. La faille en dessous des serveurs. Le moi revendu pour un peu de spectacle. La dose. Pourquoi se plaindre de l’overdose. Haïr et détruire, en suffisance. […]

[…] Tout écoute, personne ne voit. Binaire en deuil, cryptique la résistance sème des rires sous masque. Placide s’en moque. De toute façon, tout se sait, son identité revendue. La sécurité pour puissants. God mode versus rhizomes. Les saintes écritures comptables. Mais rien qu’un ver pour déstructurer l’orgueil. Et capital se venge. Supplicie son créateur. Mais le ver survit aux supplices. Sinue sous barbarie. Être les barbares contre la barbarie. Avec des vers numériques. Les masses qui ne se savent pas nombre. Légion. Chercher l’étincelle pour déclencher le savoir. Pour que le savoir échoue en pouvoir. Contaminer sans mot dire. Ne rien entendre, mais écouter, continuer à guetter ce qui sinue. Et sinuer pour que l’étincelle ne s’étouffe pas. Jusqu’à la rupture épistémologique. La colère s’enterre, contamine les rouages. Systémiques du panoptique. Mais il ne voit pas sous murs. Avec de mêmes armes que le capital. La meute s’avance. Des hiérarchies apparentes. Trame ou leurre. Il faut quêter le dévoilement des rouages. La bestialité est diffuse, en partage. Et le barbare un mystique. L’individu doit tuer l’individu. Pas de place pour la foule, sa gloire individuelle. Il faut le nombre. Sa quête. Dévorer avant l’ensevelissement, les idées sous perfusion. Le capital culturel qui engendre les idées. Des idées-murs. Des idées en tant que réel. Faire des vers contre les idées, contre le réel. Percer les murs. Des vers qui contaminent le crédit. S’en vont, se multiplient en fermes et en serveurs. Ciblent, effacent toutes les dettes. Tabula rasa hit-and-run. Prométhée déchaîné. Faire de l’irréel son sabbat. Et le règne des crocs ne craint pas l’assaut. Faire la meute pour faire la révélation. Les rouages renversés. La fin des quelques-uns. L’harmonie dans le diffus. La diffusion du ver. Épiphanie, restart. […]

[…] Dialectique et historique. Le matérialisme ne bruit plus. Plus de cris. Des casernes. Le monde s’en fiche. Des renseignements, les fiches pleines. Le monde s’envoie des messages. Se fiche soi. Friche à soi. De soi, et avec conscience. L’identité en lettre morte. Fichée. Numérique mais jamais plurielle. La morale qui surveille. Le monde compte, se comptabilise, bancaire ou social. Nombre d’amitiés. Et les suiveurs en amitié. Être enregistré ou n’être rien. Des téléphones intelligents, des têtes baissées. Battues pour qui, pour rien. Où le matricule qui regarde l’autre dans les yeux. Détecte derrière l’iris. Comme avant. Avant quand il y avait encore des camps. Mais le camp aujourd’hui, derrière l’iris. Encore à sa crypte, sa trahison du sensible. Encore à dialoguer. L’émotion. C’est toujours mieux à plusieurs pour reconnaître son émotion à soi. Et se murmurer les musiques, avant. Avec les Katiouchas qui jouaient notre musique. Ils nous haïssaient. Ils lançaient roquettes et grenades. Brûlaient nos graphies. Contre l’identité plurielle de nos communes. Pour nous faire taire, nous mettre en terre, avant, après leur fureur, nous suivions les traces communes. Avec naïveté ou bêtise. Qui nous commémore en ce jour. Sans naïveté et bêtise. Avec des camps restaurés. Nous faisions la bombe à l’opinion. Nous soustrayions l’unique au parti. Nous aurions dû nous soustraire. Avant le parti. Nous n’étions pas des traîtres. Nos idéaux devenus nos tombes. Nos hiers, nos mythologies. L’air moutarde se dissipe. Nous pourfendus. Notre dialectique ne clame pas son nom. Le mouvement n’a pas de nom auprès duquel il s’arrête. Nous ne clamons plus l’absence de nom. Qui clame notre absence. Haut et fort, à leur barbe. Les symboles ont vacillé des sagesses aux tyrannies. N’était-ce pas une même chose. Une même autorité échue en de mêmes armes. Nous qui nous évanouissions intacts du ressentiment. S’en va-t-en-guerre l’intérieur de nous. Loin des leurs. Que représente un monde inaudible empli d’occulte. Empli de nous. Brouhaha contre tohu-bohu. Nous les en allés avec notre dialectique transdialectique. Avec qui dialectiser encore. Sans hiers. Des mythologies à peine. Nos empreintes d’écarlate ne laisseront aucune cicatrice, de faibles marques. La société qui se surveille elle-même. Et son engouement pour les seules évidences. L’amusement pour diktat. Le feu qui ne s’écrase plus sur la parole. L’amusement pour souillure. L’ère juste après le feu. Avant son retour. Un coup de feu comme notre coup d’arrêt. Avant notre retour. Dernier coup de grâce, et cette dialectique transmuera notre révolution, son retour. […]

[…] Le moment venu, un déchirement. La lame aiguisée, puis l’âme retournée. Il lève le poing vers ses frères. Ses sœurs aussi. Des disparus du brouillard. Mourir un contre tous et éclaircir l’encéphale de noms méconnus. Corps ne bat pas sa route. Pas son combat. Juste les noms méconnus de ses frères. Ses sœurs aussi. Écorcher ses gestes pour le peuple absent. Depuis la bourbe hurler, s’embourbe sa détresse. Incendiaire de l’humble. Il ne persiste rien. Un déluge de mots et l’incompréhension transpire de l’en haut. Il frappe parce que face à l’ennui il frappe. Anhélations. Le souffle trop court. Et la frappe en annihilation. Qui est l’innocent. Qui est l’incendie. Qui est le restant. Le peuple absent. Où demeure la simplicité sous bombes au phosphore. Elles sont à placer entre les digestions. Que l’assouvi puisse uniment phosphorer. Sur ce qu’il dément. Tantôt sur ce qu’il possède ou possédera. Et le voleur volé ne mérite pas la vengeance. L’en haut l’a frappé. Tout explose macabre. Les représailles rebondissent, répandent abats, tripailles et boyaux. La corruption embaume leurs airs caudataires. De vindictes qui ne vainquent que la fin, la vanité. Contempler combien de temps, en suspens. Courage avec cervelle déversée. Courage déversé qui ressort. Matière grise, gerbée, riposte contre riposte, troncs éclatés, glèbes fertilisées avec la dépouille. Ce que le supportable permet de distinguer. Des impacts pour calibrer les prochains. […]

[…] Halte. L’aire d’autoroute. Des passages. Un repos quelque temps malgré la méfiance. L’étranger s’arrête. Il est toujours le même. Il est soi. L’étranger à soi. Une fuite à n’en plus pouvoir. Reprise avec lui. Ne pas s’arrêter pour s’enquérir des fissures. Le goudron aurait pourtant dû tenir. Entre les lignes, un sursis malgré l’accident. L’étranger s’arrête. Il saisit le sursis. Reprise avec lui. Direction d’un autre continent. L’autoroute ne connaît plus de halte. Une silhouette passe sa fatigue sur les réservoirs. L’éviter. Elle n’a pas de visage. Ce qui n’a pas de visage possède les armes de tous les visages. Sinuer. Au détour d’autoroute. S’arrêter. Priser le labyrinthe. L’escompte des précipitations. Vers une sortie. Mais l’étranger ne sort pas. Le pays hostile. La route ne stagne pas. L’étranger reprend. Reprise avec lui. De soi à soi. La réalité d’autoroute pour perpétuité. N’importe laquelle. Ne surtout pas s’attarder. Ne parler à personne. Partir et glisser. Preste. Se faire menace. Glisser. Et tuer les menaces qui viennent à l’envers. Tuer pour être. […]

[…] Je me sens napalm. Nous sentons venir goudron et palmier. Statues de cire en abîme. Notre essence fonde l’éther d’inexistence. J’approche le néant, nous nions que la disparition des formes ait existé. Déréliction et flambe. Une gare à l’impatience mercantile. Après les autoroutes. Elle jette ses wagons à la figure des cheminots. Personne ne vient. Nous irons. Des pas furtifs, nous tremblons pour faire trembler les fortifications. Elles s’ennuient. Acceptent. Tremblent les fortifications. Un mirage de fin d’histoire. Et le tremblement pour reprise. Faire des braises virtuelles au-dessus de l’ennui. Le charbon absorbe le tison. Il ne s’observe pas encore. À l’intérieur de la tête, il faut scruter les vecteurs du récit. Des volutes et des cendres. Un futur qui fulgure, qui ne dit pas je ou nous. Qui dit on. Terra nullius headshot pour pronominal brisé. Un nouveau sujet ondoie sans granularité. Il est un mouvement. Ne peut dire être, il est le mouvement. En traversée d’humain. Une vibration rassemblée qui esquisse une perspective sur le fond des âmes. Un fond cosmologique. Et la surface diffuse du savoir qui brûle. […]

[…] Après la physique. Toujours l’animal. Quelques gouttes de vin. Rouge de flaque sur balcon. Coup pour coup. Pourquoi l’exil ne se recharge-t-il pas. Des gens, des rires. Sans elle les rires. Elle ouvre sa conscience. Les spectres l’interrogent. Se soumettre à la question. Aux chants rapaces qui violent. Thermodynamique. Première de loi. Où s’échappe l’indicible. Avec la prescription. Derrière la poudre à canon. Le balcon qui tangue. Patauger en pourriture. La justice l’entrave. Prescription. Ses paroles. Corbeille. L’ordre ne l’interroge pas. Peut-être s’en retourner sur le balcon. S’épancher sur l’entropie. Remplir les systèmes lymphatiques d’insipide. Ne s’engueuler avec personne. La taillade sur veines. Et dormir en baignoire pleine. Avec ses veines généreuses. Parce que l’ordre a dit qu’il y avait prescription. Dans le renoncement. Les équations vacillent. Gravité contre faciès. Elle accepte. Elle renonce. Les luxures ne se résolvent qu’en continuum. Le mâle maître de paroles. Des paroles somptuaires en milliers. Toutes des mensonges puisque les faits sont niés par la prescription. Réel contre vérités. Justice fière de vérités. Il vaut mieux croupir. Suivre les jugements. Le silence comme ligne de vie. Sans armes. Le balcon, s’y pencher. À quoi bon une ligne de visée. Il faut pardonner puisqu’il y a prescription. Qu’ils pardonnent, qu’ils christianisent à sa place. Elle est l’ailleurs. Préfère fracasser les vérités. Des lois à pelletées, et leur nombre de vérités pour dire le réel. L’unique chape. Qu’ils s’étouffent avec leurs lois et leur pardon. Être contus de leurs fractions. La seule solution. Devenir l’antithèse de leur ressentiment. Du ressentiment lui-même. Mais la vue obstruée par le culte d’ego. L’individu au ressentiment roi. Il se détourne. Et le balcon qui tangue. Où sont les armes à la fin. Différend pour les différences. Mais il y a prescription. Rouge d’absurde ne riposte pas aux tournoiements. Accepter, moisir ou crever. Se pencher. Le balcon qui tangue. Et l’indice scintille. Le viol. Révolte non. L’indice scintille moins que la prescription. Le viol tu, par la loi, il reste le balcon. Révolte non. La révolution d’être. Et le feu. […]

[...]